@Gollum
Je
suis désolé mais on en revient toujours au même point avec vous.
Vous
me dites : « Aristote ou Lupasco ? » Donc vous
subordonnez la Parole de Dieu à quelque chose qui la dépasse, qui
l’informe. Il y a la logique, aristotélicienne ou « lupascienne »,
et il y a le texte des évangiles qui doit s’y conformer, ou pas.
Il y a toujours chez vous une instance intellectuelle, non
personnelle, universelle, toute
puissante, qui informe
toute la réalité. Vous êtes bien dans la lignée de Guénon, vous
ne sortez pas de ce schème : il y a une Tradition primordiale,
et le christianisme n’est qu’un rameau, le rameau du moyen-orient
il y a vingt siècles, mais il y a eu d’autres rameaux, en
extrême-orient, etc. Donc vous fournissez le cadre, la frame comme
disent les anglo-saxons, et votre interlocuteur doit s’y plier. Pas
étonnant dès lors que vous pensiez avoir le dessus puisque vous
choisissez le terrain. Je ne dis pas que vous avez forcément tort
dans votre vision du monde, ce n’est pas ça, je dis que vos
critiques sur des versets du Nouveau Testament sont illégitimes,
parce que ce n’est pas à vous de déterminer les catégories qui
permettent de les juger. Pour
critiquer une instance, il faut bien saisir les modalités de
validité de cette instance, son fonctionnement interne, sa nature.
La Parole de Dieu est d’une autre nature que les catégories
aristotéliciennes, les catégories aristotéliciennes ne
signifiaient rien pour ceux qui énonçaient la Parole de Dieu comme
pour ceux qui la recevaient. Il ne s’agit pas d’énoncer une
théorie dans les Ecritures (vous revenez toujours à cela), il
s’agit de rendre compte d’un événement passé (la fuite
d’Egypte, la Résurrection, etc.). C’est l’événement qui
compte, pas le récit. Demandez à plusieurs témoins de relater le
même événement : vous aurez plus de différences qu’entre
les évangiles ! Et ces récits s’inscrivent dans une forme,
la forme littéraire biblique, élaborée sur des siècles, avec ses
codes, ses récurrences,
forme dans laquelle le récit s’inscrit pour être énoncé, mais
le récit
n’est jamais limité par cette forme, il
y a une dialectique à faire entre les modes d’expression d’un
milieu et d’une époque et la situation actuelle, dialectique que
vous ne faites jamais, le nez collé sur le texte et sa signification
littérale.
C’est
toujours la même chose avec vous : vous subordonnez Dieu à la
logique, vous le subordonnez à la morale. A vos catégories
humaines. Vous n’avez
pas l’humilité nécessaire pour admettre que vous ne pouvez pas
manipuler les textes à votre gré, les dominer de votre
intelligence, mais qu’il faut les laisser agir, les laisser parler,
séparer leur part vivante et leur part morte.