Chrétiens et musulmans ont-ils le même Dieu
Cette question est une question qui revient souvent et qui est malheureusement instrumentalisée ; l’aile « droite » de l’Église, conservatrice, va souligner les différences, réelles, dans les visions que l’on a de Dieu entre les chrétiens et les musulmans (ne serait-ce que l’absence des trois personnes dans l’islam) pour en déduire hâtivement que les chrétiens et les musulmans n’ont pas le même Dieu, tandis que l’aile « gauche », attachée à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux, s’appuiera sur les textes conciliaires pour répondre oui et en déduire des considérations inexactes sur le dialogue interreligieux et le rapprochement doctrinal. Il convient donc de faire soigneusement la part des choses. On se placera dans cet article du côté chrétien. On n’analysera donc pas ce que pensent les musulmans de leur côté.
I. Une question dont le sens est à éclaircir
Comment comprendre exactement la question ?
D’abord notons que le terme « même » est ambigu en français ; il peut décrire la question de l’unicité (exemple : dans « la famille Dupont habite la même maison », il n’y qu’une seule maison) ou la question de l’identité (exemple : « M. Durant a acheté la même voiture que celle de son voisin » ; il y a plusieurs voitures, mais celles-ci sont identiques).
Ainsi la question du « même Dieu » recoupe en fait deux questions bien distinctes : le « même Dieu » au sens de l’unicité, le « même Dieu » au sens de l’identité, ce qu’il faut bien distinguer.
Ainsi la question peut être prise en plusieurs sens différents : le premier sens serait de se demander si la domination divine s’étend aussi bien sur les musulmans que les chrétiens, mais plus généralement aux hommes de n’importe quelle religion : ce point ne fait pas débat ni pour les musulmans ni pour les chrétiens ; s’il y a un seul Dieu créateur de tout être et de toutes choses, c’est le Dieu de toute la création, chrétienne, musulmane, païenne, animale, végétale, minérale.
Ce point ne faisant pas débat, il convient donc de s’attaquer aux autres sens de la question :
-en voyant « même » sous le sens de l’unicité, croyons-nous, chrétiens et musulmans, au Dieu unique ?
-en voyant « même » sous le sens de l’identité, croyons-nous à un Dieu identique, qui a les mêmes attributs ?
II. Les éléments théologiques et magistériels sur le Dieu unique
1) La lettre de Grégoire VII
Saint Grégoire VII envoya à Anazir, roi musulman d’une province, une lettre en 1076 ; ce roi venait de libérer des captifs chrétiens et demandait au Pape de nommer un évêque pour les fidèles chrétiens de son territoire. Grégoire VII répond notamment : « Nos et vos […] qui unum Deum, licet diverso modo, credimur et confitemur, qui eum creatorem huius mundi quotidie laudamus et veneramur » ce qui est traduit par « Nous croyons et nous confessons un seul Dieu, même si nous le faisons de manières diverses, chaque jour le louant et le vénérant comme créateur des siècles et souverain de ce monde » (on aurait pu aussi dire : « nous confessons un unique Dieu », ou « nous confessons le Dieu Un »). Ainsi, si dans cette missive, Grégoire VII ne parle pas du « même » Dieu (le terme latin n’aurait pas été unum, mais eumdem), il n’en demeure pas moins qu’il parle bien du seul Dieu, du Dieu unique. S’il n’insiste pas dans sa lettre sur ce qui sépare les chrétiens des musulmans, cela peut s’expliquer par le contexte : il n’est pas forcément très perspicace de risquer de contrarier un roi musulman qui est en de si bonnes dispositions envers les chrétiens.
2) Le tomos de 1180 sur Mahomet
Il y avait dans le catéchisme des Grecs une formule d’anathème « au Dieu de Mahomet »1. L’empereur byzantin Manuel Ier Comnène, estimant que la formule risquait de blesser les musulmans voulant se convertir, choqués d’un anathème à Dieu, demande aux chefs grecs de l’Église de changer la formule ; certains font remarquer que l’anathème visant le « Dieu de Mahomet, qui n’engendre pas et n’est pas engendré », et donc non pas le Dieu chrétien, qui, lui, engendre, mais au fantôme que Mahomet utilise pour faire son Dieu. Néanmoins l’empereur insiste, et la formule est modifiée en « anathème à Mahomet, et à toute sa doctrine et sa secte »2 dans un tomos3.
Cette histoire est intéressante parce qu’elle montre que les Grecs qui s’opposent au changement ne le font qu’à cause de la précision « qui n’engendre pas et n’est pas engendré » ce qui permet dans leur esprit d’exclure toute idée d’anathème à Dieu. Et malgré cette précision, la majorité décide finalement, certes peut-être un peu pressée par l’empereur, d’abandonner la formule litigieuse, bien consciente du risque qu’il y avait dans l’identification possible du Dieu de Mahomet au Dieu chrétien, ce qui va dans le sens d’une croyance dans l’unicité ou à tout le moins d’une volonté de dissiper une équivoque possible.
3) L’opinion de Francisco Suarez
Le célèbre théologien Suarez, commentant la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, parle dans son Tractatus primus de fide theologica à deux reprises des Sarrasins qui connaissent et adorent le (rendent un culte au) vrai Dieu : « et fortasse multi etiam ritus Sarracenorum, et similium infidelium, qui unum tantum verum Deum adorant » et « Atque haec ratio generaliter probat Saracenis, et aliis infidelibus unum verum Deum cognoscentibus et colentibus »4.
4) Le catéchisme de saint Pie X
Le catéchisme de saint Pie X demande ce que sont les infidèles. La réponse est la suivante : « Les infidèles sont ceux qui ne sont pas baptisés et qui ne croient pas en Jésus-Christ ; soit qu’ils croient à de fausses divinités et les adorent, comme les idolâtres ; soit que tout en admettant le seul vrai Dieu ils ne croient pas au Christ Messie, venu en la personne de Jésus-Christ ou encore à venir : tels sont les mahométans et autres semblables. »
Saint Pie X considère donc que les musulmans admettent le seul vrai Dieu, et ce même s’ils ne croient pas au Christ Messie.
5) Les textes du concile Vatican II
a) Lumen Gentium
Au chapitre 16, Lumen Gentium indique : « Mais le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. »
Sans qu’il y ait besoin d’épiloguer davantage sur le sens exact de ce « avec nous » qui sonne curieusement, le concile Vatican II reconnaît ici que les musulmans adorent le Dieu unique. Remarquons que le texte précise bien « professant avoir la foi d’Abraham » et non « ayant la foi d’Abraham » ou « professant la foi d’Abraham », ce qui reconnaît implicitement que les musulmans, tout en adorant le Dieu unique, n’ont pas la foi d’Abraham (ni d’ailleurs celle des chrétiens).
Notons en passant la correction du Catéchisme de l’Église catholique dans sa dernière version par rapport à la version de 1998. En 1998, le n°841 indiquait : « Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, juge des hommes au dernier jour »5. Dans la dernière version, il est écrit au même numéro « Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, en déclarant qu’ils gardent la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, juge des hommes au dernier jour » : on est ainsi passé de « les musulmans qui professent la foi d'Abraham » à « les musulmans qui, en déclarant qu’ils gardent la foi d’Abraham » : changement bienvenu, important et ô combien significatif, qui respecte davantage la source : les musulmans affirment avoir la foi d’Abraham, mais les chrétiens qui se considèrent les véritables héritiers d’Abraham ne peuvent évidemment l’admettre : ils reconnaissent néanmoins la prétention que les musulmans ont, mais leur dénient l’objet de cette prétention.
b) Déclaration Nostra aetate
Nostra Aetate, 28 octobre 1965 : « L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre [5], qui a parlé aux hommes6. » Le 5 du texte renvoie à la référence de la lettre de saint Grégoire VII, citée supra ici.
6) Saint Jean-Paul II
Saint Jean-Paul II a déclaré explicitement à au moins trois reprises que les musulmans et les chrétiens croyaient au Dieu unique :
-14 février 1982, adresse aux chefs religieux musulmans : « We both believe in one God who is the Creator of Man. We acclaim God’s sovereignty and we defend man’s dignity as God’s servant. We adore God and profess total submission to him. Thus, in a true sense, we can call one another brothers and sisters in faith in the one God. »7
-9 mai 1985, aux participants du colloque sur « la sainteté dans le christianisme et l’islam » : your God and ours is one and the same8
-19 août 1985, aux jeunes musulmans de Casablanca : « Nous croyons au même Dieu, le Dieu unique, le Dieu vivant, le Dieu qui crée les mondes et porte ses créatures à leur perfection. »
7) Le marcionisme
En fait, la question du « même Dieu » s’était déjà posée au début de l’histoire de l’Église, non avec l’islam, qui n’existait pas encore, mais avec le judaïsme : au IIe siècle, un certain Marcion faisait une coupure radicale entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Il voyait deux dieux, celui du Nouveau Testament, bon, et celui de l’Ancien Testament, dieu limité et juste mais dont la justice pouvait aller dans la trop grande sévérité. Il rejetait ainsi l’Ancien Testament et allait jusqu’à affirmer que Jésus du Nouveau Testament était là pour combattre les œuvres de l’Ancien Testament.
Sa doctrine fut condamnée relativement rapidement, les Ecritures à ce sujet étant extrêmement claires : le Dieu prié par les juifs dans l’Ancien Testament est bien le Dieu le Père des chrétiens.
III. Les débats sur la question du Dieu identique
1) Une foi très différente entre les chrétiens et les musulmans
Certains rappellent avec insistance que la foi musulmane et la foi chrétienne ont d’énormes différences, à commencer par le fait que les musulmans rejettent l’idée d’un Dieu en trois personnes, que Jésus-Christ n’est pas Dieu, est un simple homme prophète, qu’il n’a pas été crucifié, que les musulmans ont rejeté les Ecritures, qu’ils n’ont pas de sacrements, etc. ; c’est tout à fait exact mais cela n’a absolument aucune espèce d’importance pour le débat sur le « même Dieu » au sens de l’unicité de Dieu.
En effet, on pourrait voir une différence dans la manière de concevoir les préceptes divins entre le judaïsme et le christianisme ; sans chercher bien loin, on pourrait prendre le cas de la peine à appliquer à la femme adultère : peine de mort dans le Lévitique, mais Jésus refuse une telle peine dans le Nouveau testament et se contente d’indiquer à la femme adultère : « Va, et ne pèche plus »9. On pourrait aussi noter, de manière encore plus fondamentale, que les juifs n’ont pas reconnu Jésus comme étant le Messie promis, n’ont pas les mêmes sacrements, qu’ils n’ont pas adopté le Nouveau testament, etc. Cela est tout à fait exact, mais n’empêche pas que les juifs prient le « même » Dieu, i.e. le Dieu unique, comme nous. Si les juifs du Ier siècle avant Jésus-Christ priaient Dieu (le Père), on ne voit pas pourquoi les juifs de de nos jours ne prieraient pas Dieu (le Père), Dieu le Père n’a pas été modifié par l’Incarnation de son Fils Jésus-Christ, et les prières n’ayant pas été changées.
Ainsi si malgré la non-reconnaissance du Christ, les juifs prient Dieu, pourquoi les musulmans qui sur ce point précis sont moins éloignés que les juifs, car reconnaissant tout de même l’existence de Jésus et lui donnant la qualification de plus grand prophète après Mahomet, ne pourraient-ils pas prier Dieu ?
2) La question du Dieu identique
En revanche, cette véritable différence, ce fossé énorme qu’il existe entre les chrétiens et les musulmans sur des points absolument fondamentaux de la foi, permet de rejeter l’idée que l’on a un « même » Dieu au sens de « Dieu identique » : Dieu ne peut pas en même temps être en trois personnes et une personne, Jésus ne peut pas être « en même temps » seulement un homme comme les autres et en même temps Dieu et homme, etc.
Donc sur les personnes de Dieu, sur ses attributs et qualités, il y a de fortes divergences. Cela n’empêche pas que la personne de Dieu soit la même au sens de l’unicité. Par exemple, M. X, marié, travaille dans une entreprise Y : Mme X verra son mari sous un certain angle et dans certains de ses actes, les collègues de M. X qui travaillent à l’entreprise Y le verront sous un autre angle et d’une certaine manière pour d’autres actes. Et cette vision peut être très différente, par exemple M. X peut être la délicatesse incarnée avec sa femme et n’avoir au sein de son entreprise que mépris pour ses subalternes. Mais c’est toujours la même personne.
Ou encore, prenons une constellation très lointaine : A l’observe avec un télescope extrêmement puissant, tandis que B l’observe avec une paire de jumelles, et C à l’oeil nu. C’est toujours la même (au sens de « unicité ») constellation observée, mais A pourra décrire en détail la constellation, tandis que C ne verra quasiment rien et ne pourra rien en dire. Elle ne sera donc pas identique pour les trois observateurs, même si elle est unique.
IV. Réponse à la question et conséquences
1) Réponse à la question posée
On pourrait donc répondre à la question de la manière suivante : les trois monothéismes croient en un Dieu unique, tout puissant, éternel, créateur de tout et toutes choses ; ce Dieu est l’Unique Dieu, mais la vision de Dieu qu’ont chacune de ces trois religions est fortement différente sur des questions fondamentales ; le Dieu est donc le même au sens de l’unicité, mais différent au sens de l’identité. Afin d’éviter toute ambiguïté, il conviendrait donc d’écarter totalement le terme « même » du débat.
C’est d’ailleurs parce que les musulmans croient au Dieu unique que les chrétiens sont si peinés de voir les musulmans contester les trois personnes de Dieu ; il ne viendrait pas à l’idée des chrétiens (ni des musulmans d’ailleurs) de reprocher à des païens la manière dont ils se représentent Vénus ou Saturne ; ces dieux ne sont pas le Dieu unique, ils ne sont pas le même Dieu des chrétiens et musulmans dans aucun des sens que l’on pourrait donner à « même », et les musulmans et les chrétiens considérant que ni Vénus ni Saturne n’existant, les païens peuvent lui donner tous les attributs qu’ils veulent, cela ne change rien10.
Cette réponse sur l’unicité de Dieu n’est pas moderne au sens où elle serait une lubie conciliaire destinée à favoriser le dialogue interreligieux, comme semblent le soutenir quelques courants en marge de l’Eglise : c’est une croyance affirmée depuis au moins Grégoire VII, découlant logiquement de la condamnation de Marcion au IIe siècle, rappelée à plusieurs reprises dans l’histoire aux temps anciens et intégrée dans le catéchisme de saint Pie X, qui était un des papes les plus antimodernistes qui fût.
2) Les conséquences de la réponse
Il convient néanmoins de ne pas extrapoler comme pourraient le faire certains courants de nos jours, à savoir se lancer dans un irénisme syncrétique effréné. En effet, le fait que les musulmans croient au Dieu unique comme nous n’implique rien de plus ; ainsi si nous prenons Grégoire VII, devant les progrès des musulmans qui ont attaqué l’Empire byzantin et envahi de nombreuses régions, effaré de ce qu’il considère comme « la marque de l’action du diable »11, lance en 1074 un projet de croisade avec 50 000 hommes pour repousser les envahisseurs, ce projet n’aboutissant pas mais est repris par son conseiller intime qui deviendra pape sous le nom d’Urbain II. Autrement dit, les échanges bienveillants envers un roi musulman et l’affirmation que les musulmans adorent le seul Dieu n’empêchent absolument pas les vélléités d’affrontements : il n’y a pas d’incompatibilité entre les deux. De la même manière, Manuel Ier Comnène, qui insista tant en 1180 pour faire rectifier les formules d’anathème fut le même qui en 1176 attaqua les Turcs seldjoukides, refusa les offres de paix de ses adversaires et combattit contre eux à la bataille de Myriokephalon. Par ailleurs, si la formule de remplacement épargne le « Dieu de Mahomet », elle en rajoute fermement dans la critique de Mahomet (voir infra).
Si le catholicisme s’est opposé avec autant de ferveur, dans l’histoire de l’Église, aux différents courants hérétiques (ariens, novatiens, montanistes, priscillanistes, etc.), alors même que ceux-ci adoraient le même Dieu et étaient chrétiens comme les catholiques, a fortiori cela veut bien dire que le catholicisme s’estime légitime à s’opposer à l’islam qui sur bien des points erre loin de la doctrine chrétienne.
Il est vrai qu’il y a un mouvement interreligieux fortement marqué depuis le concile Vatican II, mais il faut choisir : soit il est reconnu que le catholicisme considérait depuis bien longtemps que les musulmans adoraient le seul Dieu unique que les chrétiens adorent aussi, et donc que ce fait ne peut pas être le seul argument pour justifier un changement d’attitude et un accroissement du dialogue interreligieux vis-à-vis du passé qui a été marqué par des croisades, djihad et affrontements armés alors même qu’il reconnaissait ce point théologique, soit il est déclaré qu’il s’agit d’une nouveauté conciliaire, et donc que celle-ci consiste en une rupture avec la Tradition, sans aucun fondement ; et donc cela mine sa légitimité.
Il faut donc déclarer que ce point théologique, s’il permet de « hiérarchiser » les différentes religions vis-à-vis du christianisme en fonction de son degré de proximité avec celui-ci en plaçant l’islam et le judaïsme au-dessus des religions païennes, des polythéismes, et des cultes animistes, ne peut en aucun cas justifier quoi que ce soit de plus que cela. La question du dialogue interreligieux relève d’un autre débat ; il n’a pas plus à être défendu au motif que le Dieu est unique qu’il n’a à être combattu au motif que le Dieu n’est pas identique.
Bibliographie / webographie :
-L’Eglise au défi des religions, Fr. Basile Valuet
-Catéchisme de saint Pie X
-Dictionnaire de théologie catholique, article Marcion
-Catéchisme de l’Église catholique
-Tomos inédit de 1180 contre Mahomet In : Revue des études byzantines, tome 30, 1972. pp. 187-197 écrit par Jean Darrouzès, publié sur https://pdfs.semanticscholar.org/
1Formule complète : « « En plus de tout cela, j'anathématise le Dieu de Mahomet, dont celui-ci dit : II est Dieu unique, Dieu holosphyros ; il n'a pas engendré, il n'a pas été engendré et il ne s'en est produit aucun semblable à lui ». Le terme holosphyros vient de l’arabe samad (dense, compact) : c’est pour dire que Dieu est d’une pièce, d’un bloc. La formule condamnée provient en partie de la sourate 112.
2La formule complète : « Anathème à Mahomet, qui a mal interprété l'enseignement du Seigneur Dieu et sauveur Jésus-Christ et n'a pas professé qu'il est fils de Dieu : au lieu du bien il a déclaré le mal, à la lumière il a accolé les ténèbres. (Anathème) encore à l'enseignement impie de celui qui s'oppose aux leçons sacrées du Christ et des saints théosophes ; et avec lui, à celui qui lui a suggéré le mauvais parti de croire et d'enseigner de telles impiétés et abominations, que ce mauvais conseiller soit un homme quelconque, ou bien le démon auteur du mal et père de la méchanceté, ou que ce détestable Mahomet lui-même ait engendré de son propre fonds les fruits honteux. En plus de cela, anathème à celui dont Mahomet est le prophète et l'apôtre et à celui dont il a reçu les enseignements et les lois en se mettant à son école. »
3Dans le christianisme orthodoxe, le tomos est un document ecclésiastique, généralement promulgué par un synode qui communique ou annonce des informations importantes (cf. Wikipedia).
4De fide theologica, Francisco Suarez, Opera omnia, Paris, Vivès, t. XII, Disputatio XVIII, section 4, p. 451-452, cité par L’église au défi des religions, Fr. Basile Valuet, troisième partie, chapitre IX, p. 238
5Cité sur : http://catho.org/9.php?d=biu, n°841.
6Le texte continue ainsi : « Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l’aumône et le jeûne. Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. »
7Texte officiel publié sur le site du Vatican. On pourrait traduire par : Nous tous croyons au Dieu unique qui est le Créateur de l’Homme. Nous acclamons la souveraineté de Dieu et nous défendons la dignité de l’homme comme serviteur de Dieu. Nous adorons Dieu et professons une totale soumission à lui. Donc, dans un vrai sens, nous pouvons nous appeler frères et sœurs dans la foi en le seul Dieu.
8Texte officiel que l’on pourrait traduire par « votre Dieu et le mien est un et le même »
9Il faut donc noter la grande concordance des deux testaments sur un point précis : l’adultère est un péché. C’est uniquement la peine « pénale », dans cette vie-ci, qui diffère. Remarquons d’ailleurs que le seul pays juif du monde, Israël, n’applique aucune sanction pénale à l’adultère.
10De toute manière, pour les chrétiens, tous les dieux des païens sont des démons (« Omnes dii gentium daemonia », ps. 95 [96]).
11Notons la formule, particulièrement dure. Cité par Guerre sainte, Jihad, Croisade. Violence et religion dans le christianisme et l’islam, Jean FLORI. Ailleurs, dans une lettre adressée à Cyriacus le 15 septembre 1073, il parle des Sarrasins comme des « païens » (cité sur : https://books.openedition.org/pul/20958?lang=fr ).
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