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Commentaire de velosolex

sur Sommes-nous perdu ?


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velosolex velosolex 11 octobre 2020 12:22

@Mélusine ou la Robe de Saphir.
Quand ma maison a été prise dans un grand naufrage, ill a fallu que je la vide au plus vite, ce qui est une expérience étrange, un peu modianesque, tant chaque objet que je balançais éveillait un souvenir, avant qu’il ne tombe dans la benne à ordures ! Les meubles ont été les premiers à partir. Et puis la moto. Je gardais le vélo et le tandem. Toutes mes collections me semblaient vaines. 
Deux ou trois tonnes de livres. ont suivi. J’en ai donnés le plus possible. Un livre n’est jamais mort. C’est une bouteille à le mer lancée. Cinq secondes, moins que ça, pour déterminer s’il en valait la peine. Exit les encyclopédies. Le net me suffirait maintenant. J’avais soif de légèreté, et envisageait un instant d’aller vivre dans une tiny house. Une amie nous préta sa yourte. 
Je regrette parfois de m’être séparé de tous mes Simenon, trois cent titres au bas mot. C’est le signe que la crise est terminée, que je suis revenu un peu embourgeoisé. Mais Simenon, finalement, était trop pessimiste et noir sur l’existence.
Le style, l’histoire, l’intrigue, ça ne suffit pas à nourrir un homme quand il est sur le bord du vide. Les livres aidant, ceux que j’ai gardés, et qu’il m’aurait été impossible de reconnaitre en tant que tel, si cette crise n’était pas arrivée, ne sont pas si nombreux que cela.
J’ai gardé les Modiano. Il a le sens de la note juste. La note « bleue » comme disent les jazzmen. Les mémoires de Casanova, celles de Rousseau. Les mémoires de Marc Aurèle l’empereur philosophe qui mis en vente sur le trottoir les meubles du palais quand Rome se retrouva à sec. Yourcenar : Les mémoires d’Hadrien que j’ai relu alors. Tous les livres finalement des auteurs qui murmurent à l’oreille des chevaux. Les livres que je lisais à mes enfants aussi, pour la même raison. « Pinocchio », « les contes des 1001 nuits ». Un jour tu es un seigneur, l’autre tu n’as plus rien. Tout ce qui rime avec comédie et drame. Ombres et lumières changeantes, certitudes vaines. Eclat de rire au cœur de la nuit. La couleur des sentiments, entre ces deux caps. 


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