Si cette 20aine de pages traduites est encore trop fastidieuse à lire pour les gens pressés en voie de burn-out,
il pourront au moins ici en survoler les dernières lignes :
Dans un monde où personne n’est contraint à travailler plus de quatre heures par jour, chaque personne ayant une curiosité scientifique pourra la satisfaire, et chaque peintre pourra peindre sans crever de faim, quelle que puisse être l’excellence de ses tableaux. De jeunes auteurs ne seront pas obligés d’attirer l’attention sur eux par des œuvres alimentaires, dans le sensationnel, pour acquérir l’indépendance économique nécessaire aux œuvres monumentales, pour lesquelles, quand le temps vient enfin, ils auront perdu le goût et la capacité. Les hommes qui, dans leur travail professionnel, se sont intéressés à certains aspects de l’économie ou du gouvernement, pourront développer leurs idées sans l’indifférence universitaire qui fait que le travail des économistes universitaires semble souvent manquer de réalité. Les médecins auront le temps d’apprendre les progrès de la médecine, les professeurs ne lutteront pas exaspérément pour enseigner par la routine des choses qu’ils ont apprises dans leur jeunesse, mais qui, depuis, ont pu s’avérer fausses.
Par dessus tout, il y aura le bonheur et la joie de la vie, au lieu des nerfs usés, de la fatigue et de la dyspepsie.
Le travail [fait] sera suffisant pour rendre le loisir délicieux, mais trop léger pour produire l’épuisement. Puisque les gens ne seront pas fatigués durant leurs loisirs, ils ne demanderont pas uniquement les amusements qui sont passifs ou impies. Au moins un pour cent consacrera probablement le temps non dévolu au travail professionnel à des activités de quelque importance publique et, puisqu’ils ne dépendront pas de ces activités pour leur gagne-pain, leur originalité sera libérée et il n’y aura aucun besoin de se conformer aux normes imposées par des experts âgés. Mais ce n’est pas seulement dans ces cas exceptionnels que les avantages du loisir apparaîtront. Les hommes et femmes ordinaires, ayant la jouissance d’une vie heureuse, deviendront plus bienveillants et moins enclins à persécuter ou à voir les autres avec soupçon.
Le goût pour la guerre s’éteindra, en partie pour cette raison et en partie parce qu’il impliquerait du travail long et acharné pour tout.
Le savoir-vivre est, de toutes les qualités morales, celle dont le monde a le plus besoin et le savoir-vivre est le résultat du bien-être et de la sécurité, pas d’une vie de lutte laborieuse.
Les méthodes modernes de production nous ont donné la possibilité du bien-être et de la sécurité pour tous ; nous avons choisi, au lieu de cela, d’avoir le surmenage pour certains et la misère pour les autres. Jusqu’ici nous avons persévéré à être aussi acharnés que nous l’étions avant l’arrivée des machines ; en cela nous avons été idiots, mais il n’y a aucune raison de continuer a rester idiot pour toujours.