Une mise au point utile à l’auteur dont nous encourageons les inyerventions.
« « Depuis le début de la guerre du Haut-Karabakh,
les médias
internationaux ont très souvent utilisé une rhétorique
pseudo-neutre qui brouille pourtant les cartes car elle ne dit pas
exactement les choses telles qu’elles sont. Ce phénomène n’est
pas nouveau et pose une fois de plus la responsabilité d’informer
en vérifiant et en précisant les faits avant d’en rendre compte.
Si l’on reprend de nombreux commentaires médiatiques sur cette
guerre, il ressort qu’elle met en jeu des “belligérants” qui
“s’accusent chacun d’avoir déclenché les hostilités” avec
d’un côté un ”État azerbaïdjanais qui
veut récupérer ses territoires occupés” et de l’autre
“des séparatistes soutenus par l’Arménie”…
Ces thèmes déployés à longueur de temps pour évoquer le conflit
sont chargés de sens et procèdent d’un raisonnement
volontairement incomplet ou, ce qui semble le plus fréquent, d’une
ignorance malheureuse dans la mesure où elle participe sans le dire
et, espérons-le, sans le réaliser, d’une désinformation fautive.
Les sciences sociales attirent l’attention sur la façon dont la
réalité peut être construite avec le choix des mots employés pour
la décrire. Ces derniers relèvent de “procédés interprétatifs”
qui façonnent les représentations mais qu’il est nécessaire de
décrypter, notamment quand ils alimentent une injustice historique
et politique. Reprenons les quatre imputations sous-jacentes aux
formulations citées ci-dessus.
Le sociologue William Thomas a
posé il y a 100 ans l’idée que le comportement des individus
s’expliquait plus par leur perception de la réalité que par la
réalité elle-même.
1/ “Les belligérants”.
Ce terme qui désigne des adversaires engagés dans une guerre
suppose deux camps opposés. S’il est juste car c’est bien ce qui
se passe, il sous-entend néanmoins une responsabilité commune en
passant sous silence que, dans le cas présent, une des deux parties
–l’Azerbaïdjan soutenue par un pays ouvertement allié, la
Turquie, et des mercenaires de Syrie payés par ce pays pour aller
combattre au côté de l’armée Azérie– a initié l’attaque
contre une population qualifiée d’ “ennemie”, tandis que
l’autre –l’armée du Haut-Karabakh soutenue par celle de
l’Arménie– ne fait que se défendre dans une guerre qui lui est
imposée. Désigner les Arméniens comme un des “belligérants”
les place ainsi implicitement dans le cadre sémantique d’une
responsabilité et d’une volonté belliqueuse partagées ce qui ne
correspond pas à la réalité des faits.
2/ Deux parties qui “s’accusent
mutuellement d’avoir déclenché les hostilités”.
Quinze jours après le début des affrontements, cette idée qui fut
régulièrement mentionnée dans les médias ne tient plus car il est
désormais avéré que l’attaque a bien été préparée par
l’Azerbaïdjan avec l’aide de la Turquie
et son envoi de terroristes islamiques sur le front azéri avant le
début des combats. Double injustice pour la petite partie
arménienne, peuplée de seulement 3 millions d’habitants en
Arménie et de 150.000 habitants dans le Haut-Karabakh, face aux
Azéris et aux Turcs dont la supériorité numérique est notoire (10
millions d’habitants pour les premiers et 85 millions pour les
seconds) et dont les investissements en matériels militaires sont
très élevés, des Arméniens qui se défendent seuls tout en
subissant les insinuations d’avoir peut-être initié les combats
dont ils paient le prix fort en pertes humaines et à propos desquels
ils
demandent le cessez-le-feu et le retour aux négociations.
Suite à la note suivante.