@eddofr
Qui décrivez-vous par « nouvelles générations » ? A partir de quelle période l’individualisme a pris selon vous l’ascendant ?
Un livre titrait récemment que la plupart des gens passent leur temps à revendiquer « j’ai le droit ». C’est une expression constante, souvent entendue depuis le début du siècle. Je suppose que beaucoup pensent que le droit à l’allocation chômage, au remboursement des médicaments et des visites chez le médecin sont des acquis qui ne seront jamais remis en cause. Ça contribue à expliquer le faible engagement.
Personnellement, je n’ai jamais considéré que les systèmes qui ont été mis en place seraient maintenus par l’Etat sans être vidés peu à peu pour ne plus représenter qu’un filet de sécurité. J’ai successivement adhéré à 4 syndicats différents. Tous les responsables locaux que j’ai rencontrés n’avaient pas ces préoccupations. Ce qui comptait, c’était de rassembler les gens autour d’un barbecue et/ou de répéter ad nauseam les « avantages » de la convention collective comme si informer chaque semaine sur le même sujet n’était pas autre chose que de prêcher les convaincus. Je n’ai connu, à une seule exception, que des représentants consensuels qui étaient des sortes de cadre officieux de mon entreprise et qui n’attendaient qu’une chose, le renouvellement de leur mandat local ou leur promotion vers un mandat national. Quand les frais et les avantages qui leur étaient accordés leur ont été retirés, les temps de délégation raccourcis, aucun n’a protesté. Par ricochet, d’autres droits des salariés ont ensuite été revus à la baisse (alors que l’entreprise grandit, et qu’il y a plus de cotisants au comité d’entreprise, son déficit s’épaissit chaque année et les prestations sont rabotées). Il y a comme l’amère impression que tout le monde pense que la soupe est déjà assez bonne, et que c’est pas parce qu’on en lâche une louche qu’on finira par nous enlever l’assiette. C’est un raisonnement faux. C’est manger ou être mangés. En face, ils sont communistes à mort, et ils ne lâcheront rien.