• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Octave Lebel

sur La croisée des chemins


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Octave Lebel Octave Lebel 16 novembre 2020 22:16

Très beau texte et très stimulantes observations et réflexions sur ce que nous sommes en train de vivre. Aussi difficile que de s’arrêter de respirer pour mieux entendre les bruits de la vie.

Vous allez jusqu’à écrire notre histoire au futur pour nous rappeler qu’elle se fait et se fera de toute façon, qu’elle pourrait se faire sans nous, que d’autres travaillent des scénarios sans nous consulter pour notre bien qui correspond au leur, que peut-être aussi décidément nous sommes plutôt bouchons contents de se maintenir à flot au mieux que barreur cherchant un cap.

Vous évoquez E Todd dont nous sommes tous redevables pour sa rigueur de démographe et sa réflexion anthropologique sur le lien entre structure familiale et gouvernance des sociétés, pour aussi me semble-t-il le décalage socioculturel entre le niveau d’éducation de nos concitoyens et les modes de gouvernance de nos sociétés qu’il signale avec d’autres. Vous rappelez l’ambivalence fonctionnelle des médias, dont nous nous méfions mais dont nous dépendons parce qu’ils apportent une certaine cohérence dans un monde fait de milliers d’interactions à distance et de  connexions dont de plus en plus de gestes simples et essentiels du quotidien dépendent. Une forme de sociabilité se construit à travers les médias. E Todd a me semble-t-il des moments de découragements parce qu’il ne voit pas les effets de ce qu’il présuppose et espère, une dynamique de changement. Qui n’en a pas ? Qui peut dire les directions qui seront prises et quels seront les rythmes ? Que faire ?

Ce n’est pas nouveau, cela était déjà là avant le covid, les classes dirigeantes et leurs affiliés subissent me semble-t-il une perte de légitimité sévère tout en ayant des moyens de contrôles et de productions de réalités fictives encore jamais vus qui enveloppent nos vies. Et visiblement elles n’ont pas envie de renoncer à cette puissance qui se double d’une construction continue de normes juridiques qui elles ne sont pas de la fiction.

J’ai l’impression qu’il y a une course de vitesse entre notre soumission/consentement/aliénation à travers tous les liens d’interdépendances dans lesquels de plus en plus nos vies sont prises et nos prises de conscience collectives de notre capacité à mettre en place des solutions économiques et de gouvernance garantissant sécurité et autonomie. Je pense que cela dépasse en réalité les affiliations idéologiques immédiates de la plus grande partie de la population qui nous dispersent mais pas celles des professionnels de la politique qui eux ont des buts plus concrets et immédiats (se faire élire) et sont munis d’un réel pouvoir fait de savoirs et savoir-faire qui nous dominent parce que dans nos sociétés nous sommes entretenus dans une forme d’ignorance et impuissance citoyenne.

 

 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès