@Eric F

Non, vous ne vous en êtes pas complètement abstenu. Vous vous servez du mot complotiste qui est un argument ad personam inacceptable dans un débat entre personnes sérieuses.

Je reconnais que mauvaise foi est limite et que je pourrais m’en dispenser. Mais c’est une manière assez conventionnelle de dire à quelqu’un qu’il est en train de nier l’évidence.
En l’occurence cela voulait dire : vous SAVEZ qu’il y a une domination massive, impériale, absolue de la parole (propagande) du pouvoir médiatique et politique et vous présentez les choses comme s’il s’agissait d’une controverse « équiliibrée », une sorte de débat démocratique dans lequel il y aurait des gogos des deux côtés.
Quelle que soit la raison pour laquelle vous avez besoin de voir les choses comme ça, c’est de la mauvaise foi. L’évidence d’un déséquilibre massif entre discours mainstream et dissidence ne peut pas être niée sans, au minimum, de la mauvaise foi. Au-dessus on arrive dans la malhonnêteté et je ne vous crois pas malhonnête.

Donc, je vous demanderais de 1) reconnaître l’existence de ce formidable déséquilibre avec d’un côté une parole impériale soutenue par une véritable armada politicomédiatique et de l’autre, une dissidence de la pensée unique dont la parole est systématiquement étouffée par le discrédit que constitue l’accusation gratuite, arbitraire ou « sacrificielle » de « complotisme ».

Dans le contexte de ce formidable rapport de force, nul ne peut prétendre se servir de la parole accusatrice de l’Hégémon comme si de rien n’était, en faisant mine de se tenir dans la pure rationalité, en niant donc tacitement ce que l’on sait toujours tellement vrai, à savoir le fait que : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».

Cette parole accusatrice, arbitraire, tout homme honnête et rationnel s’en tient à distance, sauf à se l’appliquer à lui-même dans une forme de défiance vis-à-vis du pouvoir. C’est ce que j’ai fait parfois tant je m’amuse d’être dans la provocation. Je me suis déclaré complotiste tout en sachant que cette appellation est vide de sens, comme l’accusation portée à la moitié gauche du concombre ou celle qui vise le bouc émissaire envoyé au désert. Par souci de cohérence, je ne le ferai plus dorénavant. Je me présenterai comme analyste du complot 

Pour conclure, on se fout de savoir qu’il y a des individus qui délirent aussi bien dans le camp de ce qu’on appelle le « complotisme » que dans celui de l’anticomplotisme qui n’est jamais qu’une forme de complotisme qui ne dit pas son nom (le concombre est UN).

Comme y invitait Platon, ceux qui cherchent la vérité, et se tiennent dans la rationalité, soucieux de logique argumentative (en tant que moyen sûr de parvenir à la « vérité ») ne se demandent pas si tel ou tel est fou, s’il faut le qualifier de complotiste ou d’anticomplotiste. Ils discutent sur le fond, sur les faits. C’est le principe de fonctionnement du Monde III de Popper, le monde des idées pures qui ne s’embarrasse pas des fragilités humaines. On ne se demande pas qui parle, d’où il parle, comment il parle, on se demande seulement si son intention de communication est porteuse d’un sens et jusqu’à quel point ce dernier est valide, voire éclairant.