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Jacques Foccart, l’homme de l’ombre, à la lumière de ses archives
Publié le : 26/03/2015 - 07:26Modifié le : 27/03/2015 - 12:15
La réputation de mystère qui a entouré Jacques
Foccart, le « Monsieur Afrique » des présidents de Gaulle et Pompidou...
" L’histoire commence après la Seconde Guerre mondiale
lors de la création du RPF à la fin des années 40. Jacques Foccart a été
résistant. Il est nommé responsable des Affaires africaines pour
l’organisation gaulliste. Lorsqu’en mai 1958 de Gaulle accède au
pouvoir, il amène avec lui à Matignon puis à l’Elysée Jacques Foccart
comme Monsieur Afrique. C’est un collaborateur en qui il a une grande
confiance. Sa première mission sera de transformer la nature juridique
des liens entre la métropole à ses colonies. Ce sera le projet de
Communauté.
"
L’Afrique présidentielle
Le
« Oui » l’emporte au référendum de 1958 dans la plupart des anciennes
colonies. Les gaullistes décident que l’Afrique de la communauté
française, puis celle des nouveaux Etats indépendants ne suivront pas
les circuits diplomatiques classiques. Les relations avec les pays
concernés seront gérées directement au niveau de la présidence
française. Jean-Pierre Bat poursuit son récit : « L’idée de Foccart
(il l’écrit dans une note) c’est que l’Afrique n’est plus la France mais
pas tout à fait l’étranger. En d’autres termes c’est un espace entre
les deux, un espace francophone. Pour que fonctionne cet ensemble, ce
n’est plus à l’échelon ministériel que doit être menée la politique,
mais directement, à la main droite de de Gaulle à l’Elysée, au sein de
la cellule Afrique que dirige Jacques Foccart… »
Cette forte
proximité de de Gaulle et de Foccart dans la gestion des affaires
africaines aura d’ailleurs une traduction concrète. Un rendez-vous
quotidien de quinze à trente minutes au cours duquel le président passe
en revue avec son conseiller les affaires africaines et malgaches.
Secrétaire général pour les affaires africaines et malgaches
Principal
conseiller du général de Gaulle sur la politique africaine, Foccart est
entouré d’une équipe importante de collaborateurs qui est longtemps
restée dans l’ombre et que le fonds Foccart des Archives nationales
permet de mieux cerner. Des collaborateurs regroupés à l’hôtel de
Noirmoutier. « Le secrétariat général de la communauté, qui
deviendra secrétariat des affaires africaines et malgaches en 1961 est
installé à l’hôtel de Noirmoutier, rue de Grenelle. Il a son parc
automobile, son protocole, son système de réception. Le 14 juillet
franco-africain est anticipé dans les jardins de Noirmoutier. On sait
que c’est là qu’on va solliciter Jacques Foccart. Et à la haute époque
en 1960, c’est 100 agents qui relèvent de l’autorité du secrétaire
général… » Cette administration va nourrir les analyses de Foccart
sur ce qui se passe en Afrique. C’est en partie grâce à son activité que
celui-ci prépare l’entretien quotidien de 19h00 avec de Gaulle. Il
reçoit des notes de différents chargés de mission, synthétisées par son
conseiller technique et qui permettent de produire un document de
travail pour l’entretien avec le président.
Signe supplémentaire
de la mainmise de Jacques Foccart sur la politique africaine de la
France, son secrétariat général centralise tout ce qui est produit par
les administrations françaises sur le sujet. Dans un même dossier, on
pourra trouver les bulletins du SDECE,
le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, ceux
du 2e Bureau, les télégrammes diplomatiques, les rapports faits en
administration centrale à Paris, les rapports des missions d’aide et de
coopération et parfois même les correspondances manuscrites personnelles
que les ambassadeurs envoient en marge des dépêches diplomatiques
directement à Foccart...