@jakem
Francafrique ( suite )Texte par :
Laurent Correau
« Réseaux Foccart »
Parallèlement
à ces collaborateurs officiels, Jacques Foccart s’appuie sur un réseau
plus secret, jusqu’à la limite de la légalité républicaine. Et notamment
ce que Foccart lui-même appellera des « circuits courts ». Il place
auprès de certains chefs d’Etat amis de la France des collaborateurs qui
deviennent leurs conseillers politiques et doivent faire la navette
entre Paris et le continent.
Le plus influent de ces ambassadeurs de l’ombre sera probablement Jean Mauricheau-Beaupré,
ancien résistant, activiste à la veille de la prise de pouvoir du
général de Gaulle et qui se recycle dans les actions de renseignement au
bénéfice de Foccart. Il est envoyé auprès de l’abbé Youlou à
Brazzaville entre 1960 et 1963. Et il trouvera un nom pour cette méthode
du circuit court : « la petite équipe ». Ces réseaux sont officieux,
mais ils sont parfois couverts par des contrats de coopération
sollicités par des chefs d’Etat africains."
La politique de la France dans cette Afrique
post-indépendance utilise un dernier levier d’action : les mercenaires.
Foccart les utilise, au mépris des règles, pour pouvoir agir au-delà des
limites de la diplomatie républicaine. « Pour Foccart, explique Jean-Pierre Bat, les
mercenaires n’ont officiellement pas de place. Dans les faits, il sait
très bien qu’il leur attribue un espace spécifique, qui consiste à être
une force de frappe, non reliée officiellement à la France, mais qui lui
permet d’avoir une sorte de droit de regard, d’ingérence ou d’action
militaire dans des territoires en crise. Lorsque l’armée française ne
pourra pas intervenir, on pourra avoir recours à des mercenaires qui
pourront assumer une part totale d’illégallisme d’Etat. »