@Laconique
Tiens j’en rajoute une couche...
Si Jésus fait preuve d’une étonnante mansuétude envers le beau sexe, les Pères de l’Eglise vont se charger de remettre les choses à leur place. Leurs interprétations des Evangiles justifieront vingt siècles de phallocratie. « Les commentaires sur Adam et Eve vont se multiplier, analyse Guy Bechtel. La confiture sacerdotale s’accumulera sur le palimpseste d’origine, au point qu’on ne pourra plus lire le premier message de Jésus. » Alors qu’elle était avant tout mère chez les juifs, la femme n’aura même pas droit à cette consolation dans le christianisme. Puisque les premiers chrétiens s’attendent à une fin du monde imminente, à quoi bon faire des enfants ? La maternité inspire même le dégoût : saint Jérôme trouve aux femmes enceintes un « aspect hideux » et saint Ambroise clame : « Heureuses les stériles ! » Si la femme n’engendre point, à quoi diable peut-elle bien servir ? A rien. Tout au plus fera-t-on de quelques pieuses martyres des saintes acceptables, pourvu qu’elles aient subi stoïquement la torture : Agathe, les seins tranchés, périt nue sur la braise, Cécile est décapitée, Blandine jetée aux lions, Apolline, édentée à force de coups, se jette dans les flammes.
Marie, qui joue finalement un rôle secondaire dans la vie du Christ - deux évangiles sur quatre mentionnent sa virginité - va devenir au fil des siècles l’unique femelle à peu près fréquentable. Jérôme, Ambroise et Augustin affirment que Marie fut vierge non seulement avant la naissance du Christ, mais également pendant et après. « Vers 880, Hincmar de Reims, muni d’on ne sait quelles informations, fournit les détails anatomiques : Marie avait mis son enfant au monde ?vulve et utérus fermés ? », s’amuse Guy Bechtel. Cependant, c’est à partir du XIIe siècle qu’on entreprend d’en faire une supersainte, que Rome s’acharnera à rendre la plus éthérée, la plus désincarnée, la plus éloignée du commun des mortelles qui soit, un modèle hors de portée, même de la plus pieuse des dames patronnesses. En 1854, Pie IX parfait le tableau : il proclame le dogme de l’Immaculée Conception, qui fait de Marie l’unique femme née sans la marque infamante du péché originel.
Dès le début, les théologiens conspuent l’amour physique et avec lui l’objet et la source de toutes les concupiscences : si l’homme désire la femme, c’est de sa faute à elle, tentatrice et démoniaque. Et les préjugés ont la vie dure : lors de l’Exposition universelle de 1958, le Vatican choisit une photo de Brigitte Bardot dansant le mambo dans Et Dieu créa la femme afin d’illustrer la salle de son pavillon consacrée au Mal. Pour limiter le plus possible le contact avec la chair honnie de la femelle, on inventa même au XVIIe siècle l’inénarrable « chemise conjugale à faire un chrétien », munie d’un trou à l’endroit idoine.
A la fois putain, infernale et idiote pendant des siècles, les plus brillants cerveaux du christianisme vont rivaliser de zèle fielleux pour éreinter la femme. Et c’est la surenchère. Odon de Cluny écrit au Xe siècle : « Nous qui répugnons à toucher du vomi et du fumier, comment pouvons nous désirer serrer dans nos bras ce sac de fientes ? » Guy Bechtel insiste : « Seule, l’Eglise catholique l’a pensée à la fois inférieure, putain, infernale et, en plus, idiote, ce qui est d’ailleurs contradictoire : comment pourrait-on en même temps avoir les ruses du diable et la bêtise de la bécasse ? » Ces élucubrations demeurent cependant l’apanage des beaux esprits retranchés des réalités de ce monde : « Le simple curé de paroisse était loin de tout ça », tempère l’historien. C’est la différence avec l’islam ou le judaïsme ultraorthodoxe, peut-être moins violents dans les textes, mais bien plus coercitifs dans leurs applications.
Reste que cette domination va asseoir pour des siècles la suprématie masculine chez les catholiques. On tiendra les femmes soigneusement éloignées de toute instruction. On leur enjoindra successivement d’être vierges, puis mères, ou tout à la fois, ce qui est malcommode. On les brûlera à l’occasion quand on les croira sorcières et que la rudesse des temps y trouvera son exutoire. Malgré cela, ce sont les religieuses qui constituent le gros des troupes dans les monastères et les couvents - elles sont encore 800 000 dans les ordres, contre 400 000 hommes. Pourtant, Rome n’a jamais débordé d’affection envers ses pieuses filles : pendant des siècles, avec leur consentement et surtout celui de leurs familles, on les enferme dans de froides clôtures (le chauffage est un confort à proscrire), on leur défend de se laver par crainte qu’elles ne se souillent en se touchant, on les maintient dans une ignorance crasse en leur interdisant la lecture des Evangiles et des théologiens, on les empêche de se parler, de dormir, de sortir, bref, on les désespère consciencieusement. Parfois même, si elles ont le tort de prétendre entretenir une relation particulière avec le Christ, on flaire l’hérésie, comme Thérèse d’Avila, Catherine de Sienne ou Hildegarde de Bingen en feront l’amère expérience.
La suite ici car c’est très long, avec le cas du judaïsme et de l’islam... :
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/dieu-est-il-misogyne_492246.html
Mais si vous en voulez encore, je peux hein..
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