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Commentaire de Gérard Dahan

sur Quelle identité pour les Français d'aujourd'hui ?


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Gérard Dahan Gérard Dahan 23 décembre 2020 16:56

@ L’auteur :
La question de l’identité comme vous le dites est effectivement importante, mais l’identité, comme toute chose vous le faites remarquer, change avec le temps et l’histoire.
Vous faites cependant quelques confusions sur les changements récents de l’identité en France :
"Je sais toutefois que la France d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier et que l’immigration récente modifie ipso facto notre identité. Une immigration qui n’a d’ailleurs pas toujours été spontanée. Les employeurs français sont allés pendant des années recruter leur main d’œuvre en Afrique, après l’avoir recrutée en Italie, en Pologne, en Espagne...« 

Votre confusion est la suivante : Ce n’est pas l’immigration qui a eu des conséquences sur notre identité. Comme vous le notez les employeurs faisaient venir une main d’oeuvre immigrée depuis de nombreuses années. Et celle-ci était constitués de »travailleurs immigrés« qui venaient travailler quelques années et ensuite avaient l’habitude de retourner dans leur pays.

Ce qui a changé les choses, c’est la loi de 1976 sur le »regroupement familial« . Les travailleurs immigrés ont alors pu faire venir leur épouse. Avec leur épouse, ils ont fait des enfants et ces enfants nés sur le territoire sont nées Français. C’est la loi de 1976 sur le regroupement familial qui est donc l’acte de naissance de la communauté musulmane française.
Une conséquence que Giscard (président au moment de la promulgation de la loi) n’avait pas anticipé. 20 ans plus tard, lorsque les pères (les chibanis ) ont voulu rentrer au bled, leurs enfants ont dit : »il n’en est pas question« (ils avaient l’habitude d’y retourner pour les vacances et se rendaient compte de ce qu’ils risquaient de perdre) ; les mères ont ensuite rajouté, »nous restons avec nos enfants« . Les pères sont donc restés à contre-coeur.

Et c’est en partie le problème de la communauté musulmane française : le fait de »devenir français« n’a pas été un vrai choix ; ça a été un choix par défaut, il s’agissait plus de ne pas retourner en Algérie, au Maroc, ou en Tunisie que de choisir de devenir Français. Les politiques de l’époque pensaient également que comme pour les Italiens, les Espagnols, les Polonais ou les Portugais, en une génération et avec l’aide de l’école, les personnes s’intègreraient. Grosse erreur ! Ils avaient sous-estimé le poids de la religion musulmane dans les comportements et le refus de la laïcité, concept souvent mal compris.

Une chose un peu identique s’est passée en 1870 lorsque le député Crémieux a proposé la nationalité française automatique à tous les »indigènes« d’Algérie (que la France avait envahie en 1830). Les indigènes juifs qui vivaient en Algérie (souvent depuis leur expulsion d’Espagne à la fin du 15eme siècle) ont accepté et sont devenus français automatiquement. Les notables musulmans ont refusé cette nationalité automatique (les historiens affirment que c’est en raison de leur refus d’abandonner »la charia", la loi islamique au profit de la loi de la république) et ont suggéré que cette nationalité ne soit donné qu’à ceux qui en faisaient la demande. Mais par la suite très peu de musulmans en firent la demande.
C’est ce qui s’est passé avec le regroupement familial. Il n’y a jamais eu de volonté nette de devenir français mais plutôt une volonté de fuir une situation de misère.

En revanche, vous avez raison sur une chose : notre pays depuis des siècles du fait de sa position géographique entre l’Europe du sud et du nord, entre l’Europe et l’Afrique est un pays de passages et d’immigrations. Il est donc normal que notre identité évolue avec les influences de ces migrations.
Le problème de l’intégration de l’islam en France, qui est probablement le pays le plus laïque au monde, est qu’il a l’habitude d’exister dans des pays où il est en position de majorité et peu souvent dans des pays où il est en situation de minorité.
Le problème se complique encore lorsque l’islam s’arroge un objectif de conquête politique et de prosélytisme religieux (Objectif quasi inhérent à l’islam). On parle alors souvent d’islamisme...


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