Puisque le tragique a été convoqué dans cette histoire.
Une synthèse chorale très bien écrite et informée qui a du souffle et donc nous porte.
Pourtant la trajectoire décrite est glaçante avec très peu de lumière pour réchauffer l’atmosphère.
C’est quasi le schéma des tragédies grecques qui ont l’habitude de finir mal pour les héros exposés. En fait, ici et maintenant nous sommes tous exposés et emportés. Et comme les héros grecs, nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas été prévenus même si nous ne savons et ne comprenons pas tout.
Dans la tragédie grecque la menace et l’explication viennent de dieux munis d’une puissance infinie dont ils se partagent les attributs et d’une justice arbitraire. Ils se jouent des hommes et leur tendent un miroir pour les consoler et les avertir à propos des dégâts qu’ils ne manqueront pas d’occasionner et de subir. Les hommes qui comptent dans ce monde là sont des aristocrates qui s’assurent du consentement et de la soumission des autres dont la vie essentiellement consiste à les servir en restant à leur place.
Nos sociétés sont dirigées par des oligarques intelligents et motivés qui tirent parti et mobilisent tous les savoirs disponibles et à venir pour maintenir et développer leur emprise sur les autres hommes qui bénéficient des degrés de liberté nécessaires au fonctionnement et à la perpétuation de la pyramide sociale. Je pense que les degrés de liberté débordent toujours des cadres et directions assignés même s’il est arrivé et qu’il peut arriver que cet espace se réduise considérablement. A nous de voir si nous n’envisageons l’avenir que comme une réaction ou une résistance à ce qui ne nous convient pas, auquel cas nous subirons en espérant être moins limités que notre voisin. Si globalement notre ambition se résume à demander à nos maîtres ce qui est possible en suivant le schéma de recension politique des grandes agences de presse mondiales qui alimentent tous les médias.
Je pense que nos sociétés sont portées par l’ensemble des savoirs, compétences et la créativité vitale de leurs membres qui dépassent en fait les architectures politiques et ceux qui en ont plus ou moins la maîtrise. Il me semble que c’est une dynamique très forte peu compatible avec des sociétés aristocratiques ou oligarchiques. De ce point de vue, la petite musique que l’on commence à entendre qui dit que les démocraties ont besoin d’un encadrement fort trahit l’inquiétude de nos dirigeants et nous est un encouragement. Ces choses là se jouent pour ceux qui nous dominent comme pour nous au-delà de nos vies à l’échelle des générations qui ont chacune leur part à faire. Cela a toujours été le cas et je pense que bien le comprendre donne du courage et de l’espoir, la résignation étant un atout formidable dont jouent magistralement nos adversaires. En fait le bras de fer n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau c’est l’accélération des évolutions technologiques, leurs puissances et le défi démocratique posé qu’il vaudrait mieux saisir à bras-le-corps plutôt que de se contenter de jouir des applications sans se préoccuper du schéma d’ensemble et de ses effets.
Ce qui
complique l’appréhension de la situation et son évolution, c’est que notre
espèce est organisée en sociétés, états-nations qui sont en compétition et coopération
à des degrés de développement très différents ce qui pèse évidemment sur
l’équilibre entre la coopération et la compétition. Cette dynamique est un atout pour la durabilité des oligarques.
Par degrés de développement j’entends l’alphabétisation et les degrés d’éducation et de formation atteints et ce qui en découle. Je pense aussi que les différences culturelles sont un obstacle ou un enrichissement selon que le niveau d’éducation et de formation est maintenus bas ou développé.
Puisque le tragique a été convoqué dans cette histoire, la distance et la chaleur de l’humour et ses degrés de liberté en hommage à un de nos très grands acteurs. Bien sûr, il faut avoir vu le film.
« Pour moi, toute bonne comédie est politique. Sous ses airs de joyeuse comédie chorale, Le Sens de la fête est un grand film sur la France. Une métaphore pour consoler la France des attentats et nous rappeler que, si on est tous différents, parfois un peu cons, un peu bizarres, eh bien, on n’a pas le choix, on doit fonctionner tous ensemble. »
Jean-Pierre Bacri 2017 interview.
26/01 20:55 - Pierre Chazal
@Octave Lebel Merci pour commentaire très riche qui mériterait d’être un article à part (...)
26/01 10:29 - SPQR Sono Pazzi Questi Romani
Dr Fouché « Aujourd’hui nous sommes dans une guerre de l’information extrêmement (...)
26/01 10:22 - Octave Lebel
Puisque le tragique a été convoqué dans cette histoire. Une synthèse chorale très bien (...)
25/01 15:13 - Pierre Chazal
@mmbbb Absolument d’accord avec tout ce que avez écrit. Nous ne pouvons nous en prendre (...)
25/01 14:30 - mmbbb
@Pierre Chazal Den Xiaoping a ouvert la Chine a l economie de marche Une NEP qui a réussi , (...)
25/01 12:43 - Pierre Chazal
@SPQR Sono Pazzi Questi Romani Très intéressant... et surprenant. Merci pour le (...)
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