@popov Effectivement c’était Martens (chrétien démocrate proche des libéraux flamands)....Lu aujourd’hui et un bon résumé. NARCISSE A LIQUIDE OEDIPE. Nos visions sur la santé mentale se sont considérablement complexifiées au cours des dernières décennies, et
pas uniquement du fait des neurosciences ou de la psychologie, mais aussi de l’évolution sociologique accélérée
que nous avons connu. Le sociologue français Alain Ehrenberg y a d’ailleurs consacré trois ouvrages
prémonitoires dans les années 90. Il y faisait le constat d’une inféodation au culte de la performance, et d’un
sentiment de désarroi face aux exigences de l’autonomie que nous avons gagnée en révoquant dogmes et autres
règles morales. L’individu, devenu libre, s’est débarrassé de la culpabilité pour entrer de plain-pied dans l’ère de
la responsabilité. On ne peut évidemment expliquer par cette évolution sociologique tous les problèmes, aigus et
chroniques, graves et bénins, de santé mentale, mais c’est bel et bien une lame de fond. Les enquêtes de santé
en attestent : la prévalence des troubles anxieux et dépressifs déclarés augmente dans notre pays et ils ne
touchent pas toutes les catégories sociales de la même manière. Ils sont près de trois fois plus présents chez les
moins nantis. Si nous nous sommes intéressés à l’offre de soins, nous ne perdons donc pas de vue que c’est
aussi – surtout ? – en amont qu’il faut agir, mais nous sortons là du cadre de notre mission.
Nos experts ont analysé l’offre de soins existante avec le sérieux et les compétences que nous leur connaissons ;
ils ont lu la littérature et impliqué les parties prenantes pour dresser un état des lieux le plus complet possible.
Aidés par des intervenants professionnels et des équipes universitaires, que nous remercions vivement ici, ils ont
formulé des recommandations qui ‘font sens’ parce que fondées essentiellement sur le vécu des acteurs de
terrain.
Une recommandation manque cependant et nous prenons la liberté de la formuler ici. L’évidence qui la justifie se
trouve au plus profond de nous. Nous recommandons à tous, et à nous-mêmes pour commencer, de prendre
réellement soin de l’autre, de le reconnaître, de le considérer, de donner l’importance suffisante à ses cris de
détresse, surtout lorsqu’ils sont quasiment inaudibles, étouffés par la résignation et le fatalisme. Dommage qu’ils n’évoquent pas l’augmentation exponentielle de psychopathes et de pervers narcissique.