Les forces d’opposition au vote des femmes en France ne se
situaient pas là où on pourrait le croire.
C’est le Sénat qui a été le principal point de blocage à
l’adoption d’une loi sur le pour le suffrage des
femmes en 1936.
Or, le Sénat était dominé par le parti radical, réputé « de
gauche ».
Certains sénateurs radicaux, anciens députés se sont déclarés défavorables
à une mesure pour laquelle ils avaient voté quelques années plus tôt.
La raison en était les doutes qu’il émettaient sur l’autonomie des
femmes vis-à-vis de l’Église, dont l’emprise était capable selon eux de faire
pencher le vote féminin en faveur des candidats de la droite. Les femmes
étaient perçues comme des individus sous influence, et non comme des citoyennes
autonomes. Comme quoi l’anticléricalisme maçonnique n’intégrait pas la notion
de libre-arbitre et se faisait une idée particulière du « suffrage
universel »voté en 1848. Ils auraient au moins pu penser que les maris
avaient plus d’influence que les curés, mais le soutien du pape en faveur du
vote des femmes à partir de 1919 les avait convaincus d’une tentative par
l’Église, par l’entremise des femmes, de regagner sur la société une influence
en voie d’effritement.
Paradoxalement, la campagne en faveur du vote de plusieurs
organisations féminines catholiques après l’annonce du pape a joué en défaveur
de la mesure au sein des notables anticléricaux.