Bonjour, Sylvain
Il est évident que, tôt ou tard, et sans doute plus rapidement que vous le souhaitez, la loi vous donnera tort en répondant enfin à la demande de la grande majorité de nos concitoyens pour le choix d’une fin de vie libre et digne dans le cas d’une grande souffrance physique et/ou psychologique.
Digne, en effet. Et ne faites pas semblant de ne pas comprendre dans quel sens est employé ce mot. La dignité n’est évidemment pas dans le regard des autres sur le corps des malades incurables exposés à des souffrances intolérables que nul antalgique ne parvient plus à soulager, la dignité est dans le regard que portent sur eux-mêmes ces malades condamnés par des pathologies irréversibles et de plus en plus invalidantes à des mois, voire des années d’atroces souffrances !
De quel droit, au nom de quel principe religieux ou moral, interdisez-vous aux personnes dont le ressenti est une déchéance sans cesse plus grande de pouvoir bénéficier d’une aide à mourir lorsqu’elles sont condamnées à périr à petit feu dans d’indicibles douleurs en étant toujours plus paralysées, toujours plus en incapacité de parler, toujours plus en situation d’étouffement comme c’est le cas des personnes atteintes de la maladie de Charcot ?
Légaliser le suicide assisté, c’est donner un droit nouveau à quelques centaines de personnes par an. Un doit qui n’enlève rien aux droits des autres ! Et ne soyez pas hypocrite : en l’absence d’une telle loi, nombre d’actes de compassion sont pratiqués chaque année en toute illégalité et en dehors de tout cadre éthique. Cette loi est une nécessité sociétale, et il serait urgent qu’elle soit enfin votée durant le prochain quinquennat.
Cf. mon article du 11 mars : Revoir les droits de la « fin de vie » : une exigence morale.