Au début du 20è siècle, le « fordisme » a impulsé la « consommation de masse », selon laquelle la productivité devrait conduire à ce que travail soit rémunéré suffisamment pour que les ouvriers puisent acheter les produits qu’ils fabriquent.
Les 30 glorieuses ont perpétré cette approche.
Désormais, avec la mondialisation, le but est de fabriquer à bas cout des biens vendus avec une forte plus value à des consommateurs à plus haut pouvoir d’achat. La fabrication des produits de consommation courante a été délocalisée en Asie, les pays ex-industrialisés se sont concentré -pour ceux qui l’ont pu— sur les produits haut de gamme.
Sauf que les transferts de techno ont conduit à ce que l’Asie prenne le lead aussi sur les nouvelles technologies, et par ailleurs produire à bas cout du haut de gamme c’est encore lus juteux pour les entreprises, ainsi les nouvelles C5 et C9 vendues en France seront fabriquées en Chine.
On est arrivé à une dépendance complète par rapport à l’extérieur, dont on a vu les effets néfastes dans la crise covid concernant les médicaments et équipements hospitaliers.
On ne peut pas attendre du capitalisme des « gestes de bienveillance » spontanés envers les salariés ou l’intérêt national dans le cadre de la mondialisation dérégulée qui maximise les profits, auxquels les financiers et les industriels ne renonceront pas.
Seul le volontarisme public peut faire bouger les choses. Mais comme certains états ont bâti leur prospérité récente sur le dumping, ces états là n’y renonceront pas non plus spontanément. Je ne sais pas si la proposition Biden ne vise que les entreprises étasuniennes ayant des filiales à l’étranger ou l’ensemble des entreprises du monde, mais dans le second cas il est peu probable que ça aboutisse.
Ce serait déjà difficile à l’échelle de l’Europe où les intérêts sont divergents entre pays bénéficiaires des délocalisations, pays ayant leurs « niches » de prospérité, et les autres (dont nous faisons partie, avec les pays latins).
Les préconisations (ou souhaits) exprimés dans l’article, et dont je partage le bien-fondé, me paraissent donc, hélas, plutôt utopiques. Quelle serait la marge de manœuvre pour s’en approcher un peu au niveau national, dans le cadre d’un tissu économique considérablement intriqué avec le reste du monde -notons au passage que les britanniques, pays de financiers, ont quitté l’UE non pas pour se replier sur leur ile, mais être directement immergés dans la mondialisation transcontinentale-.