@agent ananas

Depuis la fin des années 70, j’ai pu voir la métamorphose du Pakistan avec l’implantation des madrassas où le wahhabisme a remplacé progressivement l’islam local à tendance soufie (doctrine mystique). C’est ce pourrissement de l’islam local qui a rendu ce pays encore plus fou.

Là dessus, je crois que l’on ne peut qu’être d’accord. On peut souligner que la grande mosquée d’Islamabad (1976), qui fait la fierté du Pakistan s’appelle la mosquée Fayçal car elle a été financée par l’Arabie saoudite. Elle a, d’ailleurs, une forme de tente de Bédouin. De même les Taliban, à l’origine des réfugiés afghans, ont été formés à l’islam wahhabite sans connaître les traditions et les pratiques de leurs villages d’origine. Cette radicalisation a aussi contaminé le soufisme. Si la plupart des extrémistes et terroristes islamistes du Pakistan appartenaient à la secte Deobandi (cf, Lal Masjid, la mosquée rouge d’Islamabad) ceux qui défrayent aujourd’hui la chronique appartiennent au TLP (Tehreek-e-Labbaik Pakistan) issu du Barelvisme, école soufie.

On peut aussi noter qu’il n’y a qu’au Pakistan que la haine anti-France embrase les esprits, mais pas dans les autres pays musulmans (pour le moment).

Je ne dis pas vraiment autre chose. Mais j’ajoute que cette haine anti-France s’est aussi diffusée ailleurs en partant, clairement, du Pakistan. Effectivement, si le premier attentat de l’automne (rue Appert, ancienne rue de Charlie) a été fait par un Pakistanais, le deuxième (Samuel Paty) le fut par un Tchétchène et le troisième (Nice) par un Tunisien. J’ai pu observer la progression de cette propagande anti-France en Tunisie

Une affaire interne au Pakistan, l’opposition islamiste cherchant un prétexte pour renverser Imran Khan, l’ancien playboy star de cricket diplômé d’Oxford et ex époux de l’héritière du magnat juif James Goldsmith, bref le plus occidental des premier ministre pakistanais.

Je dis bien qu’Imran Khan est (fut ?) très occidentalisé. En tout cas, il a su jouir, dans tous les sens du terme, de l’Occident. Ce qui peut très sincèrement faire douter de sa sincérité islamique (voire islamiste). Il n’en reste pas moins que c’est lui, pour tenter d’assurer son leadership, qui fut à l’origine des attaques contre la France. Sa propagande s’est intensifiée début septembre 2020 avec la republication des caricatures. Il n’a eu de cesse de se présenter en champion mondial de la lutte contre l’islamophobie et donc en ennemi déclaré de la France. C’est bien lui a enflammé le parti islamiste TLP (dont il fut très proche en 2017 pour arriver au pouvoir) en lui donnant de fous espoirs. Il y a gagné le surnom de « Taliban Khan ». Il a fait sortir le diable de sa boite en espérant l’exploiter. Ce qui se passe au Pakistan n’est pas une affaire interne. Cela nous concerne. Je dis bien que ce gouvernement n’est plus une nuisance régionale mais mondiale. Il a besoin de se positionner en adversaire de l’Occident. Le problème est qu’Imran Khan est aujourd’hui poussé à une course en avant et à la surenchère en accumulant les erreurs. Il a banni le TLP. Il interdit ce parti et impose aux medias de son pays de ne pas en parler. Avant-hier, il tient un discours de « fermeté », celui de cet article. Et, dans la nuit même, il cède à toutes les demandes du TLP en proclamant officiellement un accord avec le parti interdit.

A moins que ce soient les militaires, grands spécialistes du noyautage des mouvements islamistes à travers l’ISIS, les services de renseignements.

Oui, les militaires et l’ISI tirent les ficelles en sous-main. Oui, ce sont eux qui ont placé là Imran Khan. Et ce sont eux qui s’occuperont de son remplacement. Je pense d’ailleurs que ce sont eux qui poussent à ne pas rompre tous les liens avec la France et l’Europe. Simple supposition, mais on peut imaginer qu’ils craignent un embargo sur les technologies militaires. Car les raisons invoquées par Imran Khan, pour ne pas renvoyer l’ambassadeur, ne tiennent pas la route, à mon avis.

Sinon l’auteur n’explique pas comment une possible chute d’Imran Khan fera disparaître le sentiment anti français au Pakistan. Les islamistes qui pourraient lui succéder seront mieux disposés à notre égard ?

Le sentiment anti-Français ne disparaîtra pas avec Imran Khan. J’ai toujours écrit qu’il s’inscrivait dans la durée. Mais le discours du PM pourrait ne pas avoir pour seul objectif que de provoquer des attentats terroristes en Occident, et particulièrement en France, car il est, d’abord, nocif pour le Pakistan. C’est pourquoi il faut changer de PM. En ce qui concerne les islamistes, ils ne lui succéderont pas. Ils sont déjà là et ils imposent leur volonté au gouvernement, comme on le voit.

Quant à la ruine du Pakistan, il faut être naïf pour croire que la Chine va laisser tomber un partenaire clef de sa stratégie des « nouvelles routes de la soie » dont le Corridor économique Chine-Pakistan est un élément important ...

Aucune naïveté. La Chine ne laissera pas « tomber » le Pakistan. Elle ne le sauvera pas non plus. Elle n’est pas un partenaire. Elle le colonise. A ce sujet voici ce que j’écrivais sur Agoravox, il y a deux ans :  La Karakoram Highway, prototype du schéma colonial de la Nouvelle Route de la Soie dans un Etat en perte de légitimité ?