L’après pose aussi la question de l’avant, là aussi il y a des réponses diverses.
Si l’âme est la forme du corps, le corps disparaissant, reste son
programme, le code ou la signature qui le distingue de tout autre corps,
mais il y a plusieurs degrés car la forme du corps et de son destin
individuel comprennent également toutes les données qui l’accompagnent,
la lignée familiale, le temps et le lieu de vie, ce n’est pas comme un
vase qui pourrait une fois détruit réapparaitre dans n’importe quel
environnement pour peu qu’on lui restitue sa forme extérieure et sa
matière de composition. Quant je parle des données ce n’est pas dans un
sens déterministe, car il y a une interréaction entre l’être intérieur
et son milieu (ce serait également valable pour l’évolution d’après un
texte lu récemment, ça fonctionne dans les deux sens, l’être façonne le
milieu, le milieu façonne l’être).
Dans la kabbale par ex les différentes strates de l’être sont bien
distinguées, l’esprit qui anime le corps dans sa vie animale est autre
que l’esprit qui entre ou s’évade après son passage terrestre. Mais cet
esprit relativement indépendant n’est pas pour autant un esprit
inconditionné, ce n’est pas un « vase » permanent, il est
toujours en relation, il est toujours en vie, en évolution, pour cela le
paradis est encore une prison pour le soufi. Il y aurait donc comme un
mouvement de descentes et de remontées des âmes à partir de l’unité,
l’incarnation terrestre ou dans un état analogue (si on admet la
possibilité d’une indefinité de mondes possibles) est un état ou la
nécessité, la contrainte sont le plus marquées.
Autre interprétation/variation : le paradis représenterait un état
conditionné, mais au-dessus de l’état terrestre, l’enfer un état
en-dessous de l’état terrestre (d’où les représentations animales ou bizarroïdes, qui
certes font partie de la psyché humaine, mais comme parties, l’être « en
enfer » serait réduit à une de ces parties et aurait perdu sa centralité).