Lasalle évoquait plutôt les bordels que les clubs échangistes.
Les « maisons closes » étant interdites en France (loi Marthe Richard du 13 avril 1946), les proxénètes et leurs meilleurs clients ont trouvé cette astuce pour déguiser les mêmes établissements. Comme les meilleurs clients en question sont également en « bons termes » (euphémisme) avec la police, les apparences sont sauves. Un minimum d’expérience suffit pour savoir que les épouses légitimes associées à ces jeux sont beaucoup moins nombreuses que ce qu’indique cet article. Les données étant difficile à établir en-dehors des sources « autorisées », toute affirmation en la matière est aléatoire.
Pendant que j’y suis j’en profite pour déplorer le glissement sémantique du mot « libertin » depuis le 17ème siècle.
Le libertinage était un courant de pensée né au 16ème siècle
en Italie avec des auteurs comme Machiavel, et qui s’est en France au siècle
suivant. C’était un mouvement originellement aristocratique dont Théophile de
Viau était. Le « libertin » était considéré comme celui qui se libérait
des contraintes religieuses et philosophiques dominantes, pour ne pas dire
obligatoires. Le terme était synonyme de libre
penseur. La provocation et le scandale étaient les moyens utilisés pour
tenter de déstabiliser l’ordre établi.
Mais au 18ème siècle, à la faveur des « parties
fines » de la régence, les dérives de la cour se sont appuyées sur ce
mouvement pour justifier leurs débauches. Et le libertinage est devenu peu à
peu une notion liée au domaine de la sexualité pour aboutir aujourd’hui à être
utilisé comme euphémisme pour « pornographie » et laisser au peuple
les affres de la « prostitution » illégale pour en faire une activité
culturelle. Les clients d’Epstein étaient-ils des « échangistes » ou
des « michetons » ?