@Pascal L
Mon brave Pascal vous devriez savoir que l’on trouve toujours des ouvrages qui vont dans le sens que l’on souhaiterait...
Et donc je pourrai vous aligner des titres de spécialistes qui iraient à l’encontre total des vôtres... Et à mon avis ils sont beaucoup plus nombreux. Et c’est bien le nombre ici qui incite à aller dans un sens plutôt que dans un autre.
Je suis allé consulter les fiches sur Amazon des ouvrages. Deux étaient absents. Ce qui ne milite pas en leur faveur.
J’ai trouvé « Une autre histoire de la laïcité » de Jean-François Chemain dont je vous donne ci-dessous le jugement d’un internaute qui l’a affligé d’une malheureuse étoile.. J’ai souligné en gras les passages importants..
L’histoire de la laïcité selon l’opinion commune est celle d’États se libérant de la tutelle des religions. Mais l’examen des faits dément une telle vision et Jean-François Chemain constate ici que ce combat d’émancipation fut bien souvent celui de l’Église pour échapper à la mainmise des États aspirant à contrôler la religion pour mieux contrôler les consciences.
Comme tous les idéologues, les libéraux souffrent de graves illusions d’optique sous l’effet desquelles ils croient apercevoir leurs idées dans les lieux, les époques et les personnages les plus insoupçonnés. Philippe Fabry nous proposait récemment de voir sous les traits de la vieille république romaine une chaste vierge libérale qui serait, hélas, évincée par la Grande Prostituée socialo-impériale ; cette fois, dans « Une autre histoire de la laïcité », c’est au tour d’un historien reconverti consultant puis cadre de grosse entreprise, avant de finir dans un collège de ZEP, de nous dévoiler le secret ultime de l’Eglise : avant Adam Smith et John Stuart Mill, l’épouse du Christ luttait déjà bec et ongles contre l’abominable étatisme (l’Etat, on le sait, est le bouc émissaire des libéraux).
Soyons sérieux. La vérité est l’exact opposé de cette thèse. Pour nous en persuader, retraçons à grands traits l’histoire de l’Eglise : une petite secte juive dans un judaïsme qui en comptait à foison, et dont les membres s’appellent « les adeptes de la Voie », sous la direction dynastique de Jacques le Juste, frère de Jésus dit le « Christ », se répand rapidement sur le portour de la Méditerranée et s’implante même à Rome. Grâce au génial Paul de Tarse, elle se débarrasse des rites et interdits encombrants de la loi mosaïque et convertit des païens. Le Christ de Paul n’est plus le roi des Juifs, mais le Pantocrator.
D’abord regardés avec une indifférence mêlée de mépris comme tous les innovateurs, les « chrétiens » finissent par être durement persécutés par le pouvoir politique : les disciples du Nazaréeen étaient en fait l’équivalent des révolutionnaires et subversifs de gauche que nous connaissons puisqu’ils récusaient avec véhémence les principes fondamentaux de la société d’alors. Comme les témoins de Jéhovah aujourd’hui, ils espéraient une fin du monde imminente. Finalement, les empereurs Constantin et Théodose font du christianisme une religion légale, puis obligatoire. Nos révoltés deviennent d’un seul coup des piliers de la société, entamant un virage à 180 degrés vers la droite et le conservatisme. Cette reconnaissance, cette intronisation sont capitales : on peut légitimement se demander ce qu’il serait advenu des chrétiens s’ils n’avaient pas obtenu le soutien total du pouvoir politique à ce moment crucial (tout comme on se demande aujourd’hui ce qu’il serait advenu du système bancaire américain sans l’énorme apport de fonds, prélevés sur les contribuables, du gouvernement de Barak Obama).
Les chrétiens ont-ils alors refusé l’étreinte étouffante de l’empereur au nom de la sacro-sainte liberté ? Du tout ! La vérité, n’en déplaise aux catholiques libéraux, c’est que l’Eglise n’a jamais pu prospérer sans l’appui massif du pouvoir politique. Il suffit de voir sa pitoyable situation actuelle pour s’en convaincre. Donc, au commencement, après l’incarnation du Verbe, il y eut l’appui et la grâce du Prince : l’Eglise se fit chair institutionnelle. Nous allons pouvoir la contempler alors dans sa gloire de protégée unique du Prince, dans le sein de celui-ci, avant de la voir, quelques siècles plus tard, dans la gloire, encore plus grande, de mère et de directrice des rois et des empereurs. Peu après la chute de Constantinople, le pape Pie II écrira à Mehmed II une lettre lui promettant la couronne impériale—à condition de reconnaître son autorité et d’embrasser le catholicisme.
Une telle puissance, la puissance—sans doute plus revendiquée qu’effective—de l’Eglise des Innocent, des Grégoire, des Boniface, s’explique par le grand cataclysme que fut l’effondrement de l’empire romain d’Occident. Dans le vide ainsi créé, l’Eglise s’est installée, avec ses évêques, ses moines bénédictins, suivis plus tard par les disciples de Bernard de Clairvaux. C’est eux qui sauveront l’Europe du chaos et maintiendront vivante la flamme et de la foi et de la civilisation (ce dont on ne peut que se réjouir). C’est alors que commence la lutte qui intéresse notre historien. Malheureusement, cette lutte n’est pas du tout celle qu’il dépeint : un effort inlassable et héroïque des clercs pour se dégager des tentacules du politique. L’histoire montre que c’est l’inverse qui est vrai : l’Eglise avait dans beaucoup de cas pris la place de l’Etat (ou ce qui en tenait lieu, puisque l’Etat tel que nous le connaissons n’a commencé que très tard son existence en Europe) ; elle était omniprésente, et ses évêques avaient des pouvoirs étendus dans le domaine temporel, ne serait-ce que parce qu’ils étaient les seuls, en tant que clercs, à avoir reçu une instruction. Ils sont juges, conseillers des rois, propriétaires d’édifices et de terres, parfois même princes (un évêque dirige encore de nos jours la principauté d’Andorre,dans les Pyrénées, conjointement avec le président français). D’où, bien sûr, l’intérêt de pouvoir les dominer : les rois veulent les régenter, le pape aussi. Quant aux intéressés, dans bien des cas, ils préféreraient rester autonomes aussi bien vis-à-vis de Rome que de Paris (ou Londres).
La lutte revêt une triple dimension : il y a d’abord une lente et tenace reconquête du pouvoir par le politique à de multiples niveaux (rois, nobles, conseils municipaux) ; il y ensuite des tentatives d’autonomie vis-à-vis de Rome de la part de certains clergés locaux (le gallicanisme en est un exemple) ; il y a enfin un effort inlassable de la papauté pour s’imposer à la fois aux autres évêques et aux rois et empereurs—au nom de la primauté des choses de l’âme sur celles du corps, une thèse anthropologique qui se défend parfaitement. Le tout s’accompagne de luttes féroces contre les hérésies (songeons à la croisade contre les Albigeois) et contre les musulmans, lorsque ceux-ci empiètent sur les droits des chrétiens.
05/07 09:53 - Gollum
02/07 08:58 - Gollum
@Pascal L Au fait l’Eglise ne faisait pas la chasse aux hérétiques ? Je suis curieux (...)
02/07 08:57 - Gollum
@Pascal L Vous n’avez même pas lu mon post correctement (c’est pas une surprise ce (...)
01/07 22:40 - Pascal L
@Gollum Amusant : « Soyons sérieux. La vérité est l’exact opposé de cette thèse » peut (...)
01/07 09:14 - Gollum
@Samson Renne-le-Chateau Je connais bien l’affaire. Stupéfiante affaire en effet. Le (...)
01/07 09:12 - Gollum
@Samson J’ai longtemps cru comme vous à la nécessité de l’exotérisme versant (...)
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