• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Francis, agnotologue

sur Le Grand Reset pour les nuls. Traduction partielle de « the Great Reset for Dummies »


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Francis, agnotologue Francis, agnotologue 26 juillet 2021 11:57

 Great Reset ou la fascination des élites pour le modèle chinois

 

« comme l’histoire aime empiler les ruses, les meilleurs défenseurs des thèses de gauche sont aujourd’hui les grands capitalistes eux-mêmes, qui proposent d’en faire un Grand Reset. Avec le recul de près d’un siècle, on comprend que cette expression de “Great Reset” est un emballage marketing pour rejouer la stratégie de ce fameux colloque Lippmann de 1938. Au fond, si beaucoup croient naïvement que le plaidoyer du Great Reset en faveur de l’intervention de l’Etat dans l’économie signe la fin du néo-libéralisme, il en constitue en réalité la résurrection. Pour s’en convaincre, les plus sceptiques pourront consulter “l’Agenda libéral” que Rougier avait rédigé à l’issue du colloque organisé à Paris. Ils y retrouveront des thèses très proches de ce que la France Insoumise défend. Et, fondamentalement, ils y retrouveront ce qui inspire aujourd’hui le Great Reset. 

 

« Par exemple, le Great Reset annonce des mesures jugées totalement contraires aux principes actuels, comme la subordination des banques centrales aux gouvernements, ou le recours à “l’helicopter money” pour relancer l’économie, c’est-à-dire le versement de chèques directs aux consommateurs pour soutenir la demande de biens. Le seul obstacle que Schwab et Malleret voient dans cette technique très interventionniste est le risque d’inflation. Mais ils se considèrent comme incapables de trancher entre une spirale inflationniste due à la monétisation des dettes imposées par l’absence de réserves budgétaires pour financer les plans de relance, et une spirale déflationniste due à la crise de surproduction créée par la réduction de la consommation partout dans le monde. Sur le fond, ils confessent leur scepticisme vis-à-vis d’un retour de l’inflation et valident donc la “monnaie hélicoptère” comme solution à la crise. 

 « Cette technique, notons-le, n’est pas très différente des augmentations massives de salaires, ou du revenu universel tels que la gauche les réclame aujourd’hui. La bonne question à se poser est de savoir pour quelle(s) raison(s) les adeptes de Davos se reconnaissent plus dans la doctrine de Mélenchon que dans celle de Merkel ou des ordo-libéraux allemands. Ce paradoxe n’a pas fini de faire couler de l’encre, mais on peut relever que, face à la crainte d’un effondrement économique général du même ordre qu’en 1929, un Schwab propose une stratégie chinoise, fondée sur un colmatage du marché par des États tout-puissants. Ils y voient la meilleure façon de lutter contre la “japonification” de nos économies, c’est-à-dire une longue stagnation marquée par la déflation. Et ils y voient, bien entendu, la meilleure façon de sauver des profits face aux périls qui menacent. »

 

«  le Great Reset s’inscrit dans une logique globale qui commence à prendre forme et consistance dans nos sociétés occidentales, où les élites considèrent de façon de plus en plus ouverte que le temps de la démocratie est peut-être fini, et qu’une reprise en main de nos sociétés par des États forts qui assureraient la “bascule” dans un nouveau paradigme où les profits se reconstitueraient autour de l’écologie ne serait pas absurde. Il ne s’agirait pas d’endosser les habits d’un totalitarisme à la Mao ou à la Pol Pot. Il ne s’agirait pas de prôner le modèle nord-coréen. En revanche, il s’agirait bien de limiter les libertés individuelles et de faire preuve de “pédagogie” sur les bienfaits d’une évolution technologique générale produisant un chômage de masse dont le cours serait rendu supportable par de “l’helicopter money”.  »

 

 Ce nouveau régime, je l’appelle la démocratie totalitaire.



Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès