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Commentaire de Séraphin

sur Justice : la psychiatrisation du prévenu


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Clark Kent Séraphin 9 septembre 2021 16:30

La dérive psychiatrique n’est pas innocente et révèle une conception de la société emprunte d’une idéologie qui se retrouve dans d’autres domaines. Dans le domaine judiciaire, cela se traduit dans plusieurs tendances lourdes :

  1. On fait de la délinquance ou de la criminalité des anomalies de la santé mentale, c’est-à-dire des pathologies, ce qui pourrait constituer une métaphore pour prendre en compte les dysfonctionnements sociaux, mais pas chez un individu responsable.
  2. On considère que la « normalité » serait une société sans criminalité, ce qui reste à démontrer.

Or, la dangerosité sociale ou criminologique est la plupart du temps le fait de gens parfaitement « normaux » et, l’excuse psychiatrique permet de les considérer comme dangereux même quand ils ont purgé leur peine. On va alors demander d’évaluer une dangerosité qui n’est pas psychiatrique. On va demander à un « expert » d’évaluer un risque, et l’intéressé aura probablement recours au principe de précaution pour la société en ne prenant pas le risque pour lui-même de remettre en cause sa propre crédibilité en cas de récidive, alors que si le détenu reste en prison, personne ne saura jamais si c’était justifié.

Ce qui est paradoxal, c’est que les individus concernés par la rétention de sûreté ont été condamnés par la justice et ne sont donc pas dans une situation d’irresponsabilité pénale : ils seraient assez normaux pour être condamnés, mais trop anormaux pour être libérés.

L’origine de tout cela est la même que celle qui se pratique actuellement en matière sanitaire : la « philosophie de la peur ». Les délinquants n’ont pas plus de place que les malades dans cette société où il faut qu’il ne se passe rien. Il faut tuer le crime dans l’œuf comme il faut supprimer les virus de notre environnement humain. On ne punit plus un coupable, mais on se protège des individus considérés comme dangereux, comme on ne soigne plus à l’hôpital : on isole, on confine, on met en quarantaine.


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