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Commentaire de velosolex

sur France, Algérie, halte à la « repentance » bêlante


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velosolex velosolex 19 octobre 2021 12:11

@velosolex

  • La colonisation en Algérie semble être vue aussi par le pouvoir d’une façon borgne. Les Français auraient été les vils colonisateurs, alors que les ottomans n’auraient assuré qu’une « aimable tutelle » de trois siècles...... Néanmoins des esprits libres sont plus critiques que dans notre pays, ainsi le copié collé d’’un article paru dernièrement dans « le soir d’Alger » et facilement trouvable en ligne.

    Faut-il pardonner aux Ottomans leurs crimes parce qu’ils sont musulmans  ?

    "À chaque fois que l’on aborde la question de l’occupation turque, voire de la colonisation ottomane, des voix s’élèvent pour remettre en cause ces concepts et rétablir des « vérités » puisées dans le récit officiel. Il ne s’agirait ni d’une occupation ni d’une colonisation. Ce seraient les populations locales qui auraient fait appel aux Turcs pour lutter contre les Espagnols. Avec le recul, on ne voit vraiment pas comment ces populations et à travers quelle représentation et quel canal ont pu s’adresser à une puissance étrangère. Et si appel il y a eu, il ne pouvait provenir que de quelques élites ou seigneurs mis à mal par le harcèlement des bateaux occidentaux menaçant leurs règnes et privilèges.
    Ici, une parenthèse pour dire que la piraterie maritime n’était pas une spécialité nord-africaine. Nombreux furent les États qui toléraient cette activité désignée par le vocable civilisé de « course ». La mer Méditerranée était infestée de pirates chrétiens et musulmans. À Alger, ils formèrent une internationale de la piraterie où l’on ne comptait qu’un seul chef autochtone, le Raïs Hamidou. La principauté d’Alger les acceptait sans rechigner ; la seule condition exigée pour leur affiliation fut de prononcer la « chahada » pour les non-musulmans.
    Mais le port d’Alger n’était pas le seul à accueillir des bateaux pirates. À l’intérieur, cette fin de moyen-âge était caractérisée par la poursuite des guéguerres entre une multitude d’émirats arabo-berbères. L’Algérie, à la veille de l’occupation turque, offrait l’image d’une entité en gestation, tiraillée de part et d’autre par des luttes intestines et des troubles épuisant les hommes et l’économie. Sur la côte Est, deux villes vont s’incruster dans l’histoire avec des sorts différents : Béjaïa était prise par les Espagnols alors que Jijel vivait sous l’emprise d’une célèbre fratrie de corsaires : les Barberousse, nés d’un père albanais.
    Les Barberousse occupaient une partie du littoral algérien bien avant qu’un quelconque appel à l’aide ne leur vienne des Algériens. Personne n’avait invité Baba Aruj à prendre possession du port de Jijel. La fratrie connaissait parfaitement ces côtes jusqu’à Tunis et y avaient établi des bases depuis plusieurs années. De là, la flotte des Barberousse sillonnait les mers, à la recherche de butins et de prisonniers. Les hommes furent destinés à l’esclavage alors que les femmes finissaient au harem d’un seigneur ou raïs locaux ou dans l’une des nombreuses maisons closes qui activaient dans ces villes cosmopolites et animées. À côté de Jijel, Bejaïa, la ville lumière, restait sous occupation espagnole depuis 1509 après une héroïque résistance sous la conduite des émirs locaux qui firent preuve d’un courage exemplaire en refusant de se rendre aux envahisseurs. Ils ne défendaient pas seulement un territoire mais toute une civilisation brillant au-delà des mers, un centre de rayonnement culturel et de savoir universels où les mathématiques furent particulièrement à l’honneur.
    Si les corsaires de Barberousse aidèrent les populations de Béjaïa à libérer leur ville de l’occupation espagnole — dont la présence dura 45 années ! —, ce ne fut point pour les beaux yeux des Bougiotes. Ils agissaient pour étendre leur domination sur le littoral algérien en proie à d’incessants bombardements et incursions occidentaux. C’est aussi pour un soutien pareil que le sultan d’Alger, malade et apathique, lança un SOS aux frères Barberousse pour libérer le penon d’Alger d’une présence espagnole qui menaçait toute la ville. 
    La fratrie des Barberousse ne se fit pas prier. Après la prise du penon et l’exécution de son commandant, ils s’emparèrent d’Alger. Barberousse, séduit par la beauté de la princesse Zaphyra, tenta de la soumettre mais cette dernière tenait à son honneur plus qu’aux trésors promis par l’assaillant. Le cruel pirate ira jusqu’à tuer le sultan d’Alger dans son bain pour faciliter ses épousailles avec Zaphyra. Cette dernière, acculée, se suicida. Un épisode symbolique d’une résistance algérienne aux traits de noblesse et de bravoure que l’histoire officielle continue de censurer bêtement pour ne pas nuire à l’image d’un quarteron de sanguinaires devenus sauveurs de la « nation musulmane algérienne » !
    En vérité, la prise d’Alger par les Barberousse allait ouvrir la voie à une véritable occupation de la principauté par l’empire ottoman auquel les frères Barberousse firent rapidement allégeance. Peu scrupuleux quand il s’agit de l’intérêt de son empire, le sultan d’Istanbul, Selim 1er, donna l’ordre à la fratrie de soumettre les habitants d’Afrique du Nord. Oui, vous avez bien lu, « soumettre » !

    Alors, cessez de nous raconter vos histoires de fraternité entre les Ottomans et les autochtones. Rapidement, le sultan envoya ses troupes, comme message d’amitié à nos peuples. De 2 000 janissaires au début, leur nombre ira en augmentant, de même que leur brutalité se traduisant par des crimes innombrables. 
    De 1515 à 1830, les Turcs, nullement intéressés par une colonisation de peuplement, n’expédièrent en nos terres que des militaires. La pseudo-autonomie accordée à la Régence d’Alger n’était qu’un leurre puisque l’autorité fut exercée par un pouvoir militaire. Les milices de janissaires turcs, par le biais du dey, contrôlaient les affaires du pays. Certains tiqueront à la lecture du mot « pays ». Nous avons déjà signalé que le territoire actuel recoupant l’Algérie regroupait une multitude de petits Etats rivaux se faisant une guerre perpétuelle pour des revendications territoriales ou pour des raisons de conflits tribaux, voire quelques antinomies confessionnelles. Le seul « avantage » de cette colonisation fut de tracer le contour de l’Algérie moderne, entre le Maroc et la Tunisie, un territoire du reste déjà dessiné par le sang des martyrs d’autres occupations sanguinaires.
    Les Ottomans s’étaient royalement détournés du développement du pays et de la bonne gouvernance. Ces peuples n’étaient bons que pour céder les impôts. Les Turcs laissèrent à l’abandon une grande partie des terres pour se rassembler sur le littoral : cela répondait à leur stratégie militaire qui fut de faire d’Alger le centre névralgique de la domination maritime de la partie occidentale de la Méditerranée. Avec ce qui s’est passé récemment en Libye et les prétentions new ottomanes sur la Tunisie et l’Algérie, l’histoire bégaye…
    Les populations locales, totalement épuisées par un système des impôts injuste, s’abandonnèrent à leur triste sort. Les récalcitrants étaient sauvagement punis et les quelques soulèvements furent réprimés dans le sang. Appauvris, les autochtones végétaient dans un dénuement total ; ils n’avaient plus rien à attendre d’un pouvoir sans scrupules qui comprit rapidement l’avantage qu’il pouvait tirer de la soumission des caïds, de certaines confréries religieuses influentes ainsi que des tribus aux chefs félons. En leur accordant des privilèges et un pouvoir local étendu sur les populations, le dey et les autorités militaires se débarrassait des tâches de gestion locale et maintenait sa mainmise sur les affaires militaires et financières. 

    Ainsi tombe à l’eau toute cette version édulcorée d’une présence turque sollicitée par les autochtones et tout l’habillage religieux d’un partenaire musulman menant la guerre aux croisés. Lorsque les soldats français prirent possession d’Alger en 1830, le pouvoir ottoman local livra sans résistance ni honneur notre pays aux nouveaux envahisseurs. Une fois de plus, les Amazighs étaient face à leur sort : résister ou mourir… Résister sans tenir compte de la race, religion ou couleur de la peau de celui qui est venu pour nous asservir


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