@Olivier Perriet
Je ne suis pas crédule. Ce n’est pas parce que les autorités russes disent que Nord Stream est seulement un projet économique que je les crois. Il y a aussi une dimension politique qui est évidente. Ce gazoduc rend l’Europe dépendante de la Russie mais y a-t-il une alternative ? Vous voyez bien que le gaz du Moyen-Orient et des Etats-Unis prend la direction de l’Asie. Le gisement néerlandais est épuisé. La Norvège arrive à la fin de ses réserves aussi. Que reste-il ?
Miser sur le marché spot avec une instabilité permanente des prix ou sinon signer des contrats à long terme avec la Russie et recevoir du gaz par gazoducs à un prix stable. Nous avons besoin de 15 à 20 ans de livraison de gaz naturel pour faire le pont vers l’énergie du futur.
Soyez réaliste. La Russie ne va pas nous envahir et l’OTAN-Etats-Unis ne vont pas se suicider en attaquant la Russie. Il ne faut pas se mêler des affaires intérieures russes et ils ne doivent pas se mêler des nôtres. Nous n’avons pas les mêmes valeurs et de toutes façons, nous n’arriverons jamais à faire adopter les nôtres aux Russes.
L’UE doit veiller aux intérêts de ses citoyens et de ses entreprises. La Russie est prête à conclure un marché gagnant-gagnant mais sa patience a des limites et cette prétention de vouloir parler en position de force est une stupidité de l’UE vu que la Russie peut aussi se tourner vers l’Asie, ce qu’elle fait d’ailleurs.
La volte-face du Kremlin s’explique facilement. L’hiver glacial dernier a changé la donne parce qu’il a vidé les réserves de gaz de l’UE. Gazprom gagne plus d’argent en laissant Nord Stream 2 fermé qu’en l’ouvrant. Cela fait monter le prix des nouveaux contrats à long terme. Voyez la Moldavie. Elle vient de signer un nouveau contrat de 5 ans à 450 dollars les 1000 mètres cubes alors qu’elle payait 125 dollars au début de l’année.
Je sais, c’est frustrant pour ceux qui souhaitaient l’effondrement économique de la Russie mais je crois qu’ils prenaient plutôt leurs désirs pour la réalité. Je suis content de toujours avoir vu les choses de manière réaliste.