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Commentaire de microf

sur Mali, diplomatie et Grand ménage de Printemps : à quand l'ordre donné aux ressortissants maliens de quitter la France dans les 72 heures ?


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microf 4 février 2022 16:12

@titi

« Ce qui se passe au Mali c’est un conflit ethnique.
Qui finira comme tous les conflits ethniques en Afrique : un bon génocide. » Écrivez-vous.
Mais les africains ont appris les génocides chez vous.


* La Guerre du Cameroun, l’invention de la Françafrique de Thomas Deltombe, Jacob Tatsitsa et Manuel Domergue, éditions La Découverte, parution en octobre 2016, 200 pages, 12 euros Un problème franco-camerounais

En effet, peu de gens savent en France que, durant sept ans, en pleine guerre froide, l’armée française a lancé une guerre de « pacification » contre le mouvement nationaliste de l’Union des populations du Cameroun (UPC) qui a fait des dizaines de milliers de morts, jusqu’au début des années 70. Cet essai vulgarise par une édition plus courte et réactualisée un énorme travail d’enquête entamé en 2011 avec Kamerun ! Avec des témoignages des deux camps : la rébellion contre le pouvoir pro-français


Ce très ambitieux travail de reconstitution, à partir de centaines de témoignages et d’archives consultées en France, en Angleterre et au Cameroun, est parti d’une discussion sur le livre de François-Xavier Verschave La Françafrique, le plus long scandale de la République, paru en 1998 aux éditions Stock : « A l’intérieur il y a un chapitre, Massacre en pays Bamiléké, qui raconte un certain nombre d’exactions des autorités françaises au Cameroun au moment de la décolonisation. À la fin du chapitre, il est écrit : Mais l’histoire de ce conflit reste à écrire.

En 1957, le haut commissaire Pierre Messmer décide de mater la révolte en reproduisant les méthodes utilisées pendant la bataille d’Alger : torture, « balançoire » et gégène, c’est-à-dire le fait d’appliquer des électrodes sur le corps : « On a filmé les entretiens avec les témoins qui faisaient partie de l’ALNK », évoque Thomas Deltombe « Ce qui est frappant, c’est que, quand on leur demandait ce qui leur arrivait quand ils étaient capturés, ils mimaient tous systématiquement les mêmes gestes de torture tels qu’ils étaient enseignés par l’école de la contre-insurrection de l’armée française. Un témoin, Ambroise Kom, qui avait 12 ans à l’époque, habitait à côté de la gendarmerie. Il nous a raconté les scènes de torture auxquelles il a assisté. » Avec la mort par fusillade du dernier grand leader indépendantiste Ernest Ouandié, le 15 janvier 1971, la guerre du Cameroun prend fin. Mais les conséquences de cette guerre sont toujours là aujourd’hui.


Un massacre difficile à chiffrer

Un rapport rédigé en 1964 par l’ambassadeur britannique au Cameroun de l’époque attribue à la répression coloniale entre 60 000 et 70000 morts pour la seule période de 1956 à 1964. Selon Manuel Domergue, il est quasiment impossible de connaître le nombre exact de victimes de cette guerre : « Certaines sources ont parlé d’environ 100 000 ou 200 000 morts. Mais on ne peut pas l’affirmer de façon péremptoire. Il y a eu des bombardements indifférenciés sur des villages qui ont touché les maquisards mais aussi la population. Pour la seule année 1960, dans les archives françaises, on répertoriait 300 à 400 morts par jour au plus fort de la guerre. Il y a aussi ceux qui sont morts en brousse sans qu’on le sache. Un général français a estimé qu’il y avait eu 20 000 morts pour la seule région Bamiléké en 1960. On peut extrapoler sur le reste de la période de guerre et les autres régions où il y a eu des affrontements. Ce qui est compliqué, c’est que c’est à la fois une guerre coloniale de répression contre-révolutionnaire et une guerre civile. L’armée française, qui ne voulait pas s’impliquer autant qu’en Algérie, a mobilisé l’embryon de l’armée camerounaise et un réservoir de miliciens liés aux chefs de régions pro-français. Plus ceux qui se sont enrôlés pour avoir un travail ou pour régler des comptes. Dans les affrontements de villages contre villages, les morts n’ont pas été répertoriés.


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