@pemile
Nos pauvres écrits ne sont que des petits cris dans la nuit. Je lis en ce moment Libération, qui je dois le dire me ramène à la qualité de celui que le lisais plus jeune. Copié collé d’un extrait d’ article du jour :
A Mykolaïv, « les enfants et les cadavres bousillés, c’est difficile à voir »
« On ne compte plus les corps, ça change trop vite », assure Mikolai, un aide-soignant costaud, tout de noir vêtu et manifestement éprouvé. Il n’avait évidemment jamais connu ça, lui qui travaille pourtant ici depuis six ans. « Les enfants et les cadavres bousillés, c’est difficile à voir », dit-il. La veille, les familles sont venues chercher trois petits corps qui avaient été amenés ici. Dans un couloir, derrière une cloison en plastique transparent, un cadavre calciné est recouvert par d’autres corps que Mikolai déplace à la va-vite. Il exhibe un morceau de roquette d’une trentaine de centimètres qui a fauché ce civil. Derrière, un homme est allongé sur un chariot dans son plus beau costume noir à fines rayures. Lui est mort de sa belle mort.
Toute la ville paraît se dresser contre l’envahisseur. Une habitante a initié des convois d’évacuation pour les femmes et les enfants, désormais soutenus par les autorités. Dans le centre, un café pour enfants s’est mué en cantine de campagne. De lourds sacs de patates ont échoué dans l’entrée aux couleurs acidulées, devant un bonhomme géant en faux pain d’épices. Tatiana Cravchenka et ses acolytes sortent plus de 500 repas par jour pour les soldats, les hôpitaux, les personnes blessées, les gardes aux check-points. « J’aurais pu partir, mais je ne voulais pas, car on a besoin de moi ici », dit la trentenaire aux grands yeux bleus pétillants. « C’est comme un miracle, tout le monde s’est uni comme si nous étions un seul organisme. On travaille ensemble, on se soutient. »
La ville s’est improvisée combattante, car une lourde charge pèse sur ses épaules. La chute de Mykolaïv ouvrirait la route vers la mythique et stratégique Odessa, 130 kilomètres au sud-ouest. Dans la ville des escaliers du Potemkine, tout le monde surveille le sort de Mykolaïv avec inquiétude et aussi avec de plus en plus d’admiration face à la résistance qu’il oppose. Vendredi, le gouverneur de la région, Vitaly Kim, plastronnait une nouvelle fois devant la presse, réunie dans le centre-ville. « Nous avons repoussé l’ennemi hors des limites de notre ville. L’armée russe est presque encerclée, nous les attaquons », déclare-t-il en anglais, dans sa tenue de combat kaki. « Les Russes n’étaient pas prêts à notre résistance, ils pensaient qu’ils seraient accueillis avec des fleurs », poursuit l’élu, ajoutant, bravache, que les forces ennemies « ne sont pas très fortes ici ».