J’ai
approuvé cet article car il décrit cette guerre comme l’affrontement entre deux
impérialismes, l’américain et le russe, l’Europe/UE n’étant dans l’affaire qu’un
acteur de second rang.
Mais un impérialisme
un peu particulier s’agissant de la Russie. Ce pays s’est constitué comme une
tâche d’encre au cours des siècles, n’ayant jamais eu de colonies lointaines au
sens occidental du terme. Avec une relation historique très particulière à l’Ukraine,
relation linguistique et familiale, au sens où les gens ont circulé librement
entre Ukraine et Russie pendant très longtemps, se considérant dans le même
pays. De ce point de vue, le discours de Poutine fondé sur l’histoire est aussi
convaincant que celui, formel, juridique-occidental de l’auteur de l’article pour
qui l’Ukraine est devenue un Etat indépendant en 1918 et confirmé en 1991, libre
de ses relations, libre de divorcer d’avec la Russie et d’installer l’armée qui
lui convient à la frontière russe.
A noter que
les USA, pays sans racines, tente de séparer la Russie de son berceau, après
avoir réussi à séparer la Serbie de son berceau. Les USA n’aiment pas beaucoup
les slaves orthodoxes, et saisissent toute occasion de leur faire mal. Ce qui m’inquiète,
c’est qu’ils n’aiment pas beaucoup les Français, non plus, et qu’ils saisiront
l’occasion de leur faire mal si elle se présente, sous la forme d’un conflit
ethnique en métropole par exemple (se rappeler la guerre d’Algérie).
L’auteur
défend l’idée que Poutine veut reconstituer l’empire tsariste. Faut nuancer, et
même s’inscrire en faux contre cette thèse : Poutine cherche en fait à
récupérer des régions russophones, un peu comme Milosevic cherchait à récupérer
les Serbes dispersés en Yougoslavie. Si l’on veut à tout prix conserver la
qualification d’empire, il s’agit d’un empire ethnico-linguistique.
Poutine n’a
aucune visée sur la Finlande. Les pays baltes sont germaniques, suffit de se
promener dans Tallinn pour s’en convaincre, et l’on voit mal Poutine y
reprendre pied. Il prétend ne pas vouloir occuper l’Ukraine. Ce qu’il ne
supporte pas, manifestement, c’est que cette Ukraine stalinienne (au sens ou
Staline y a adjoint les régions de l’Ouest d’origine polonaise …) se dote d’un
pouvoir dont le centre de gravité est à l’Ouest, pouvoir manipulé par les
Anglo-Saxons, et partant radicalement hostile aux russophones de l’Est et du
Sud du pays. C’est le sujet de la guerre en cours.