@Joséphine
Z’avez pas encore « capté » chère Joséphine que pour une affligeante majorité des européens et autres « oxydés », le sort des « bougnoules », « négros », « moskals » et autres « niakouais » a, c’est le moins qu’on puisse dire, moins d’importance que celui des culs bien blancs, voire rose pastel peuplant à présent les deux hémisphères de notre planète.
Qu’ils soient plus ou moins « nazifiés » sur les bords n’est apparemment pas un problème, on peut même affirmer que c’est un penchant historique et typique de « l’oxydant », z’avez pas lu un de nos derniers poètes, le Victor Hugo du XX siècle ayant finement analysé ce phénomène :
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"Et alors un beau jour, la
bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les
gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires
inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.
On s’étonne,
on s’indigne. On dit : « Comme c’est curieux ! Mais, Bah ! C’est le
nazisme, ça passera ! » Et on attend, et on espère ; et on se tait à
soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême,
celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ;
que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a
été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir,
on l’a absous, on a fermé l’oeil là-dessus, on l’a légitimé, parce que,
jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que
ce nazisme là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il est
sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux
rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et
chrétienne.
Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement,
dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler
au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXème
siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite,
qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de
logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas
le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est que l’humiliation de
l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, et d’avoir appliqué
à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que
les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique.
Et
c’est là le grand reproche que j’adresse au pseudo-humanisme : d’avoir
trop longtemps rapetissé les droits de l’homme, d’en avoir eu, d’en
avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et
partiale et, tout compte fait, sordidement raciste."
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Discours sur le colonialisme — Aimé Césaire — 1955