@velosolex
Extrait de « En Ukraine la dérussification est en marche » (Libération)« Or, plus la Russie s’acharne sur l’Ukraine, plus son influence culturelle recule. La brutalité de la guerre, qui a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de victimes civiles, a même entraîné une renaissance de la nation ukrainienne, et un mouvement encore plus radical contre l’ensemble de l’héritage colonial. Si le retrait des icônes russes suscite encore quelques divisions, en particulier sur l’histoire complexe de certains personnages, la plupart des Ukrainiens, y compris dans le sud et l’est du pays, veulent désormais rompre définitivement avec l’ennemi. Et ce en dépit des liens historiques, culturels, linguistiques et parfois intimes qu’ils entretiennent avec la Russie. »
"Certains Ukrainiens, surtout les plus jeunes, s’émancipent également de la langue de l’occupant, dans un pays où plus de 17 % de la population est russophone. Comme Diana, 24 ans, qui a grandi à Marioupol et qui a fait une croix sur sa langue maternelle : « J’ai commencé doucement à passer à l’ukrainien ces deux dernières années. Mais depuis le début de l’invasion, je l’ai complètement adopté, à part quand je dois parler à mes parents ou que je suis nerveuse. Je me sens davantage en sécurité dans cette langue. »Dans les écoles, « il est peu probable que le russe continue d’être enseigné comme deuxième langue, compte tenu des circonstances actuelles, estime la députée Lesia Vasylenko. A l’inverse, l’anglais devrait prendre de plus en plus de place dans l’enseignement. » Le ministre ukrainien de l’Education a annoncé, début juin, que le célèbre ouvrage Guerre et Paix de Léon Tolstoï et d’autres œuvres littéraires « favorisant la propagande russe » ne seront plus enseignés dans les écoles.Une situation diamétralement opposée à Marioupol, ville martyre récemment conquise par Moscou, où les forces russes ont décidé de supprimer les vacances d’été pour préparer les élèves au programme scolaire russe. Dans le sud et l’est du pays, la Russie tente d’effacer toute présence ukrainienne, introduisant le rouble comme monnaie ou accordant la nationalité russe aux habitants. Mercredi, un haut responsable russe est allé encore plus loin en annonçant que les territoires contrôlés pourraient organiser des référendums en vue d’une annexion, dès juillet.