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Commentaire de PascalDemoriane

sur Du secret de la réussite scolaire à l'abolition de l'échec scolaire !


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PascalDemoriane 9 juillet 2022 10:54

Cher Luc-Laurent,
Comme d’autres ici, j’apprécie la fougue candide de vos point vues et reflexions, j’aime beaucoup cette phrase que je fais mienne tout les jours :
« Tout comme les poissons qui ne connaissent pas l’eau dans laquelle ils vivent, nous ne voyons pas que nous baignons dans une logique perverse ».

Oui, mais qui trop embrasse mal étreint. Le thème ici de l’échec scolaire est trop vaste, général et complexe et pipé pour ne pas s’y noyer, y noyer le poisson ! donc finalement trop passionnel, encombré et subjectif.

Voyons juste votre proposition finale jusque là peu commentée :
« Il s’agirait d’imposer à l’école une obligation de résultat et pas seulement de moyen comme s’est actuellement le cas. Il s’agirait en somme d’abolir l’échec scolaire. » lancez-vous.
Dangereux çà, non ? ! J’ai l’impression qu’il y a grave confusion dans la formulation et inversion du sens de votre propre pensée :

Je crois que vous pensez plutôt à une obligation de méthode, de méthode auto-différenciée selon le commun d’un groupe d’enfants donné, auto-différenciable selon leurs singularités.
Parce que d’évidence une obligation générale ou même locale de résultat posée a priori (réussite) impose une axiomatique et une métrique, une évaluation quantitative, en l’espèce au détriment d’une appréciation qualitative du parcours pédagogique (= la méthode), serait donc un retour aggravé à la norme, à la statistique, donc à la dictature de la « note » encore et toujours plus étouffante.
Appelons cela l’horreur d’une pédagogie pilotée sur Excel !

On voit là, avec le duel problématique qualité / quantité, méthode / résultat, qu’on revient toujours à notion trompeuse de valeur, qui en dernière analyse est toujours réduction quantitative de l’inquantifiable, c’est à dire quantification abusive du qualitatif pédagogique, c’est à dire in fine donner prise à l’imposture de l’argent, de la valeur d’échange ! Du fétiche monétaire ! Tout simplement !
Il n’y a pas d’autre valeur dans ce bas monde techno-social !

Une obligation de résultat serait donc mécaniquement une valorisation économique du parcourt évolutif de l’enfant (et de l’éducateur par contre-coup), voir de l’enfant lui-même, qui en termes crus, serait le réduire à son prix ! ou à son coût, à une valeur monétaire.
Donc ce serait redonner tout son sens caché au mot « réussite scolaire » comme « accumulation primitive » d’un capital de valeur négociable sur les marchés post-scolaire du système marchand.

Autre chose : vous posez le « jeu » (en maternelle mais pas que) comme terrain et relation d’expérience axiologiquement neutre et indolore pour l’enfant, c’est à dire non sanctionné par un critère de valeur abstraite (jeu gagnant ou perdant). Oui, mais là vous êtes très ambigü ! Le jeu, c’est bien plus compliqué que cela ! Et la neutralité que vous attribuez à l’ordinateur comme terrain de jeu impersonnel indolore m’inquiète au plus haut point : car en abolissant la valeur-jugement on y abolit aussi la sensorialité, la corporalité ! C’est à dire le rapport au réel !
On va pas développer çà ici, je suis déjà trop bavard.


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