« Je » n’existe pas, plus précisément le « je » est un trompe l’oeil. Nous devrions dire « nous » d’une part, quand nous parlons de nous, ce que nous pensons, ce que nous ressentons. D’autre part, le libre arbitre est de façon assez manifeste une illusion qui pourrait émerger de la croyance en l’existence du « je » mais je soupçonne que ça va bien au delà de ça.
La première personne du singulier et la responsabilité de nos actes sont deux foutaises rendues nécessaires par notre statut d’animal social. Utiliser le « nous » obligerai à rentrer avec les autres dans des discussions complexes que la plupart refuseraient d’entendre.
« J »’ai eu la chance adolescent de voir un voisin fumeur en pleurs (il avait subi une ablation d’un poumon et continuait à fumer malgré le risque de récidive de son cancer). Il avait perdu le contrôle de son cerveau pensait-il. En fait il ne l’avait jamais eu bien sûr et « je » l’ai perçu par mon vécu d’alors à l’époque.
Il est bien plus facile aussi de trainer les violeurs et les assassins au tribunal (traiter les conséquences) , faute de pouvoir traiter les causes sociales et environnementales qui les ont fabriqués. Une maman dont le charmant fiston avait été transformé en monstre et en assassin par l’armée US (il avait tué 50 civils à la mitraillette sur ordre d’un supérieur) aurait mal pris qu’on lui explique que son fils avait choisi de devenir librement ce qu’il était devenu (témoignage de Seymour. Hersh).
A raison. La responsabilité individuelle est simplement une façon commode de gérer les conséquences pour la société, les autres.
« Je » n’ai pas choisi de n’être ni violeur, ni assassin, ni homme politique (menteur). L’environnement dans lequel j’ai grandis et évolué me l’a simplement interdit et je n’en tire donc aucun honneur et n’en attend aucune louange.
« Je » ne suis pas un chic type parce que « je » l’aurai décidé, mais parce que la vie ne m’a pas laissé le choix. Tout flatteur vit au dépends de ceux qui l’écoutent et croient surtout piloter leur navire.
Nous avons eu de la chance. D’autres ne l’ont pas. C’est la vie...