@Fergus
Les mots aussi voyagent.
Il en est même qui font des aller-retour, comme « fleurette »
nous est revenu sous la forme de « flirter » après avoir fait un tour
en Grande-Bretagne avec les soudards normands de Guillaume qui « contaient
fleurette » aux petite Anglaises.
Pour ce qui est du « tour » des Anglais, il
désignait le voyage de découverte culturelle que devait faire tout jeune
aristocrate qui se respectait sur le continent, principalement en Italie et en
France (quand le continent n’était pas isolé de la perfide Albion par le brouillard
ou une tempête). Ces jeunes gens n’étaient pas des touristes, mais des
voyageurs qui devaient s’occuper eux-mêmes de l’organisation de leur périple,
ce qui était en fait le principal objet de ce rite initiatique. Mais c’est
effectivement par allusion à cette pratique que le premier organisateur de voyages
sous forme de « package »,forfait intégrant transport, hébergement,
restauration et visites (en français « produit touristique »), Thomas
Cook, a forgé le mot « tourism », et du coup, les clients ont été
baptisés « tourists », deux mots qui sont passés en français en rajoutant
un « e ».
C’est donc dès la naissance de ces deux néologismes
anglophones datant de la fin du 19ème siècle que les « touristes »
sont des consommateurs de produits vendus « clés en main » alors que
les « voyageurs » organisent eux-mêmes leur périple, quand ils ne l’improvisent
pas en l’adaptant à leur humeur du jour, leurs envie subites ou leurs
découvertes, ce que ne peuvent pas faire les touristes.