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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Rouen : l’Aître Saint-Maclou a gardé son charme intact

Rouen : l’Aître Saint-Maclou a gardé son charme intact

L’Aître Saint-Maclou est un ossuaire datant de la Renaissance. Il constitue sans nul doute l’un des joyaux du patrimoine de la ville de Rouen. Ciblé en 2016 par un projet de « reconversion » qui menaçait de dénaturer le site et de détruire l’étrange magie qui émane de ce lieu de quiétude hors du commun, force est de reconnaître que les inquiétudes des opposants au projet de rénovation ont été très largement entendues. Pour le plus grand plaisir des amoureux du lieu...

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Photo Philippe Deneufve

Quiconque a, un jour, visité la ville de Rouen connaît l’Aître Saint-Maclou. Situé au cœur du quartier éponyme, à deux pas de la superbe église dédiée à ce saint gallois évangélisateur de la Bretagne, cet ancien ossuaire du 16e siècle est l’un des fleurons du centre historique. Il se présente sous la forme d’un quadrilatère de 48 m sur 32 dont trois des galeries (ouest, nord et est) ont été édifiées entre 1526 et 1533 pour faire face aux besoins nés des épidémies de peste qui frappaient de loin en loin la ville de Rouen et se révélaient meurtrières pour la population, à l’image de celle qui a sévi lors des années 1521 et 1522.

La quatrième galerie, au sud, est venue compléter l’Aître Saint-Maclou en 1651, en respectant l’esprit du lieu. Contrairement aux trois autres, elle n’a jamais servi d’ossuaire, mais d’école pour les garçons pauvres. Et cela alors que l’on continuait d’entasser les corps dans la fosse commune située au centre de l’aître (du latin atrium) avant que les ossements, dégagés des chairs par la chaux vive, ne soient entassés au-dessus des galeries, entre le plancher supérieur et la charpente.

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Entrée sud de l’Aître Saint-Maclou (photo Philippe Deneufve)

L’Aître Saint-Maclou a connu bien des vicissitudes depuis cette époque, notamment depuis le décret royal ayant conduit à l’interdiction en 1779 par le parlement de Normandie de maintenir des sépultures en ville. Plus ou moins laissé à l’abandon, puis transformé un temps en école de jeunes filles, l’Aître Saint-Maclou, un moment destiné à devenir un musée d’art, a accueilli en 1940 les étudiants des Beaux-Arts avant que l’état de vétusté des lieux ne conduise à leur départ en 2014.

Classé à l’inventaire des Monuments historiques en 1862, l’Aître Saint-Maclou, malgré un incendie en 1758 et les modifications apportées au fil du temps, n’en a pas moins gardé la plupart des éléments d’architecture et de décoration qui font de cet ossuaire l’un des plus remarquables ensembles du genre en Europe. À cet égard, la danse macabre, les têtes de mort et autres ossements, les outils de fossoyeur ou les accessoires de funérailles sculptés sur la sablière et les potelets en bois sont éloquents sur la destination du lieu, les colonnes de pierre étant, quant à elles, ornées de volutes et de feuilles d’acanthe.

Mais au-delà des bâtiments qui cernent l’atrium, c’est sous les arbres de ce dernier, de part et d’autre du calvaire, que se trouve l’âme véritable de l’Aître Saint-Maclou. Là se situait le charnier où étaient mis à décomposer les chairs des morts. Et il n’est pas douteux que les racines de nos arbres contemporains puisent dans ce sol riche du souvenir des morts et la présence avérée de squelettes la force d’honorer les défunts de leur belle vitalité.

Il s’est pourtant trouvé dans la ville et la communauté urbaine des édiles qui, disait-on du côté des opposants au projet de « reconversion », faisaient peu de cas de la riche histoire de l’Aître et de sa destination, et entendaient, sous la houlette de Frédéric Sanchez (l’ex-président de la Métropole Rouen Normandie), « reconvertir » cet ossuaire – autrement dit le transformer pour le dédier à un nouvel usage – en le livrant, officiellement sous couvert de culture et d’art, aux marchands du temple et à des cohortes de badauds bien peu sensibles à l’âme de ce havre de paix. Un projet qui a donné lieu au printemps 2016 sur le site Change-org à une pétition signée par des milliers de personnes, pas seulement rouennaises.

On parlait ici de raser les arbres nourris au « jus des morts » du charnier pour donner des spectacles plus ambitieux que ceux du festival d’été « Un soir à l’Aître ». On parlait là de louer aux artisans de la région les espaces dégagés dans les ailes nord et est pour en faire des lieux d’exposition et de vente. On parlait en outre d’installer, sans trop de souci d’intégration architecturale, un salon de thé à l’entrée de l’Aître, dans le passage le reliant à la rue Martainville. Bref, l’on oubliait qu’un tel ossuaire avait pour finalité d’être un espace de sérénité pour les trépassés qui gisent encore dans le sol de l’atrium et pour les visiteurs contemporains qui viennent s’y recueillir, y méditer ou dialoguer intérieurement avec les mânes du lieu.

Il n’était pas question pour autant de s’opposer à une réhabilitation de l’Aître Saint-Maclou. Et cela d’autant moins qu’à l’évidence l’état de certaines parties du bâti de ce remarquable ensemble laissait à désirer, voire mettait en péril la pérennité des structures. De même pouvait-on noter ici et là quelques anachronismes architecturaux qui nuisaient à l’unité de l’Aître.

C’est fort logiquement la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) de Normandie qui a été mise en charge de la maîtrise d’ouvrage du projet. Une tâche dont elle s’est acquittée, reconnaissons-le, avec beaucoup de soin. Tout d’abord en conduisant des fouilles archéologiques du charnier d’origine, lesquelles ont révélé la présence d’ossements et de petits objets funéraires sur plusieurs mètres au cœur de l’atrium. Ensuite en supervisant les travaux de réhabilitation dont la maîtrise d’œuvre a été confiée à l’architecte en chef des Monuments historiques Richard Duplat.

Hors fouilles archéologiques, le chantier, basé sur l’état très bien documenté de l’Aître Saint-Maclou en 1880, aura duré un peu plus de 2 ans – de mai 2018 à juillet 2020 – pour un coût d’environ 14 millions d’euros. Ont été sollicitées une trentaine d'entreprises et une quinzaine de métiers dont certains très spécialisés, à l’image des tailleurs de pierre et des restaurateurs de décors peints et de sculptures.

Le résultat est irréprochable, qu’il s’agisse de la restauration de l’atrium et des galeries, ou de celle des dépendances, principalement constituées par les anciens logis des prêtres et la chapelle. Conformément au projet, le débouché nord sur la rue Géricault, fermé depuis des décennies, a été rouvert à la circulation des usagers et des visiteurs. Quant au café Hamlet, implanté dans la galerie sud, il n’affecte en rien l’harmonie du lieu, pas plus que les locaux des créateurs d’art en résidence installés dans les galeries est et nord.

Un seul petit regret : l’absence, autour du calvaire central, d’une pelouse dans le carré arboré. Cet espace herbu faisait naguère partie du charme de l’Aître Saint-Maclou. Qui sait ? Peut-être sera-t-il réhabilité dans l’avenir... Un vœu qui, en tout état de cause, laisse indifférente la momie du chat, retrouvée emmurée dans l’ossuaire en 1950 : après avoir elle aussi été restaurée, cette dépouille, devenue la mascotte du lieu, a retrouvé sa place près du débouché de la rue Martainville.

À lire, pour en savoir plus sur l’Aître Saint-Maclou : lien

À voir : [Ren]aître

À écouter : La danse macabre de Camille Saint-Saëns

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48 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 10 août 2022 10:04

    Prems.

    Cet article m’interesse il faut que j’achète de la moquette  smiley


    • Laconique Laconique 10 août 2022 10:05

      «  Il y a cinq ou six siècles, Rouen a dû être une des plus belles villes de France ; mais maintenant tout est foutu. Tout est sale, crasseux, mal entretenu, gâché par la présence permanente des voitures, le bruit, la pollution. Je ne sais pas qui est le maire, mais il suffit de dix minutes de marche dans les rues de la vieille ville pour s’apercevoir qu’il est complètement incompétent, ou corrompu. »

       

      Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte 


      • Fergus Fergus 10 août 2022 10:10

        Bonjour, Laconique

        Pure provocation de la part de Houellebecq, cela ne correspond pas à la réalité. Rouen n’est ni mieux ni moins mal entretenue que d’autres villes de taille comparable à patrimoine historique, à l’image de Quimper, de Bourges ou de Troyes pour ne citer que celles-là.


      • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 10 août 2022 10:16

        @Fergus
        L’écrivain crado préfère sans doute Paris ou Marseille, tellement plus propres !


      • Clark Kent Séraphin Lampion 10 août 2022 10:30

        @Fergus

         

        C’était sûrement plus propre quand il n’y avait pas d’égouts ni d’eau courante et quand les épidémies de peste et de choléra faisaient tellement de victimes que ça donnait lieu à la construction d’ossuaires comme celui décrit dans cet article.

        Pour ce qui est du « charme », ce n’est pas vraiment le terme qui convient. Ce n’est pas un endroit « séduisant », ni « joli », ni « glamour », c’est en endroit impressionnant et austère qui invite à la méditation, au recueillement plus qu’à l’extase poétique ou au batifolage.


      • Fergus Fergus 10 août 2022 11:29

        Bonjour, Séraphin Lampion

        « c’est en endroit impressionnant et austère qui invite à la méditation, au recueillement plus qu’à l’extase poétique ou au batifolage »

        Oui si l’on considère la destination d’origine du lieu. Non si l’on prend en compte l’unité architecturale et le calme de l’atrium qui incitent à la contemplation.
        Personnellement, je suis sensible aux deux.


      • Fergus Fergus 10 août 2022 12:05

        Bonjour, Jean J. MOUROT

        Savoir ce que pense réellement Houellebecq, si souvent dans la provocation, est impossible. Une chose est sûre : se référer à ses écrits pour les ériger en vérités n’a guère de sens.


      • Aristide Aristide 10 août 2022 14:22

        @Séraphin Lampion

        Ce n’est pas un endroit « séduisant », ni « joli », ni « glamour », c’est en endroit impressionnant et austère qui invite à la méditation, au recueillement plus qu’à l’extase poétique ou au batifolage.

        Et pourtant, ces « cimetières » à l’instar de celui de Paris aux halles, nommé cimetière des innocents, étaient aussi des lieux de vie diurne et nocturne. Le jour les marchands profitaient des franchises de taxes que le lieu permettait, la nuit on échangeait des services de toute nature...

        Notre vision actuelle d’une frontière étanche entre le monde des morts et des vivants n’existait pas à ces époques Dans quelques contrées plus ou moins lointaine, il est possible de retrouver quelques traces de ces anciennes coutumes. Dans les fêtes des cimetières au Mexique pour le jour des morts. Ou dans les cérémonies mortuaires à Madagascar : famadihana : le retournement des morts. Il reste même de nombreux lieux pas si loin, en France où les tombes sont autour des églises.

        La mort était acceptée, tout le monde la côtoyait journellement , elle était pour de nombreux croyants une heureuse issue à ce court moment passé sur terre qu’était la vie.


      • Clark Kent Séraphin Lampion 10 août 2022 14:55

        @Aristide

        ça ne vaut pas dire pour autant que c’est « charmant »

        Toutes les tombes ne peuvent pas avoir le même « charme » que celle qui faisait l’objet de la supplique de Bassens :

        « Cette tombe en sandwich, entre le ciel et l’eau,

        Ne donnera pas une ombre triste au tableau,

        Mais un charme indéfinissable. »


      • Fergus Fergus 10 août 2022 16:27

        @ Séraphin Lampion

        Vous voyez : même Brassens a parlé de « charme » à propos d’une sépulture dans sa magnifique Supplique... smiley


      • Clark Kent Séraphin Lampion 11 août 2022 07:59

        @Fergus

        Oui, dans la chanson, mais son vœu n’a pas été exaucé et sa vraie tombe n’est pas sur la plage de la Corniche, mais au « cimetière des pauvres », aux côtés de ses parents.

        Le charme n’est que dans la chanson. Dans la vraie vie, ou plutôt la vraie mort, on revient sur terre, ou plutôt dessous.

        Ça n’empêche pas les touristes de venir et de suivre l’itinéraire fléché (par l’office tourisme ?).


      • Aristide Aristide 11 août 2022 08:41

        @Séraphin Lampion

        Cimetière des pauvres ? Allons, c’est dans le caveau familial au cimetière du Py qui est au bas du mont Saint Clair du coté de l’étang de Thau. A quelques pas de la plage de la Corniche.



      • Joséphine Joséphine 11 août 2022 10:14

        @Fergus

        Le texte de Houellebecq vous agace n’est ce pas Fergus ? Il faut lire cet extrait sur Rouen en entier Fergus, l’écrivain est si fin, si juste. C’est tellement révélateur de ce qu’il se passe dans le pays, le constat de Houellebecq est bien sûr à beaucoup de villes de France. Houellebecq a dit la vérité sur Rouen, il faut donc le fusiller ! 


      • pemile pemile 11 août 2022 10:56

        @Joséphine "C’est tellement révélateur de ce qu’il se passe dans le pays, le constat de Houellebecq est bien sûr à beaucoup de villes de France.« 

        Oui, grâce à Houellebecq je viens d’apprendre que »Il y a cinq ou six siècles" il y avait moins de voitures et de bruit ! smiley


      • Fergus Fergus 11 août 2022 11:42

        Bonjour, Joséphine

        Non, désolé, Houellebecq s’est lâché dans la provocation  une habitude chez lui  et en l’occurrence il n’est ni « fin » ni « juste ».
        Ce qu’il a dit sur Rouen est injuste et ne correspond pas à la réalité. Je l’ai encore constaté il y a moins de 8 jours. 

        Cela dit, je n’ai nulle intention de le « fusiller ». Houellebecq est, dans son genre, un grand écrivain. Il convient simplement de faire la part des choses entre ce qu’il décrit, même s’il s’appuie sur un fond de vérité, et la réalité, par chance rarement aussi noire que le contenu de ses romans qui, de ce fait, restent... fictionnels !


      • Aristide Aristide 11 août 2022 12:22

        @Fergus

        IL ne vous a peut-être pas échappé que ce roman est écrit à la première personne. C’est le personnage qui parle. Il me semble aussi qu’il est impossible de savoir si ce qu’exprime Houellebecq à travers ses personnages est ce qu’il pense lui. 

        Je crois que Houellebecq joue de cette ambiguïté ... et pas que dans ce roman.


      • Fergus Fergus 11 août 2022 12:59

        @ Aristide

        Je partage votre avis.


      • Rincevent Rincevent 11 août 2022 13:24

        @Séraphin Lampion

        J’y suis allé, il y a une vingtaine d"année. Quelqu’un y avait déposé un petit pin parasol dans un pot comme pour illustrer la chanson. Il a peut-être grandi depuis ?

        Généreux jusqu’au bout, il abrite avec lui, outre sa compagne, sa demi-sœur et son mari.


      • Aristide Aristide 12 août 2022 07:42

        @Séraphin Lampion

        Vous avez raison, à mon tour mea-culpa ... Le cimetière Le Py était bien nommé « des pauvres » . En opposition le cimetière marin était nommé « des riches ».


      • gruni gruni 10 août 2022 11:17

        Bonjour Fergus


        « Quiconque a, un jour, visité la ville de Rouen connaît l’Aître Saint-Maclou. »

        Ce n’est pas mon cas, mais d’après les photographies que tu as publié, l’endroit paraît tranquille et reposant. Voilà qui me conviendrait parfaitement en tant que touriste. Pour l’éternité je ne suis pas pressé.



        • Fergus Fergus 10 août 2022 11:31

          Bonjour, gruni

          « Voilà qui me conviendrait parfaitement en tant que touriste »
          Je n’en doute pas.

          « Pour l’éternité je ne suis pas pressé »
          Moi non plus. Mais je peux évoluer si mon état de santé se dégrade. smiley


        • Clark Kent Séraphin Lampion 10 août 2022 11:45

          @gruni

          Les touristes ne sont pas des voyageurs qui découvrent et s’émerveillent. Ce sont des clients de tour-operators et/ou des fanatiques de guides et offices de tourisme. Ils n’admirent pas, ils confrontent la réalité et ce qu’ils espéraient trouver et qui sera de toute façon ce qu’ils raconteront plus tard.

          Leur rêve ? C’est d’aller là où il n’y a pas d’autres touristes. Ils ne savent pas que c’est impossible car, dans ce cas, ils seraient des voyageurs.


        • Fergus Fergus 10 août 2022 12:01

          @ Séraphin Lampion

          Je ne suis pas d’accord avec vous sur cette définition.
          Durant longtemps, les « touristes »  le mot et le concept, très anciens, sont d’origine anglaise ont d’ailleurs principalement été constitués de personnes en quête de découvertes culturelles, archéologiques et ethnologiques.
          Et à Chamonix les premières générations d’alpinistes venus d’horizons divers pour affronter les cimes dans la sillage des guides, voire pour ouvrir des voies, étaient elles aussi qualifiées de « touristes ».

          Les clients des « tour-operators » que vous décrivez sont des « touristes » d’un genre différent. Doit-on les différencier au plan sémantique. Peut-être. Mais il faudrait dans ce cas le faire également pour les « chanteurs » qui peuvent interpréter des bluettes comme du pop-rock ou des airs d’opéra !


        • Aristide Aristide 10 août 2022 14:35

          @Fergus

          Ce n’est pas pour vous contrarier, quoique, mais Séraphin n’a pas tout à fait tort sur cette idée du tourisme. Vous semblez faire une différence entre le tourisme « éduqué » de classe et le touriste de base, bien beauf. Cette histoire de chanteurs de bluettes et d’Opéra comme image de cette distinction.

          A mon humble avis, les deux tiennent du même besoin : celui du dépaysement, c’est d’ailleurs l’argument massue de tous les vendeurs de tourisme et même la raison évoquée par tous ceux qui « voyagent » et se cultivent.

          Loin de moi, l’idée de jeter la pierre à ces touristes, mais il faut tout de même admettre que ce besoin est des plus artificiel, randonner dans des GR de Corse, ou se bousculer dans les ruelles de Venise, visiter le Château de Versailles ou passer un jour à Disneyland, ... enfin ces formes de tourisme viennent toutes de ce besoin artificiel du dépaysement. 


        • Clark Kent Séraphin Lampion 10 août 2022 15:27

          @Fergus

          Les mots aussi voyagent.

          Il en est même qui font des aller-retour, comme « fleurette » nous est revenu sous la forme de « flirter » après avoir fait un tour en Grande-Bretagne avec les soudards normands de Guillaume qui « contaient fleurette » aux petite Anglaises.

          Pour ce qui est du « tour » des Anglais, il désignait le voyage de découverte culturelle que devait faire tout jeune aristocrate qui se respectait sur le continent, principalement en Italie et en France (quand le continent n’était pas isolé de la perfide Albion par le brouillard ou une tempête). Ces jeunes gens n’étaient pas des touristes, mais des voyageurs qui devaient s’occuper eux-mêmes de l’organisation de leur périple, ce qui était en fait le principal objet de ce rite initiatique. Mais c’est effectivement par allusion à cette pratique que le premier organisateur de voyages sous forme de « package »,forfait intégrant transport, hébergement, restauration et visites (en français « produit touristique »), Thomas Cook, a forgé le mot « tourism », et du coup, les clients ont été baptisés « tourists », deux mots qui sont passés en français en rajoutant un « e ».

          C’est donc dès la naissance de ces deux néologismes anglophones datant de la fin du 19ème siècle que les « touristes » sont des consommateurs de produits vendus « clés en main » alors que les « voyageurs » organisent eux-mêmes leur périple, quand ils ne l’improvisent pas en l’adaptant à leur humeur du jour, leurs envie subites ou leurs découvertes, ce que ne peuvent pas faire les touristes.


        • Fergus Fergus 10 août 2022 16:16

          Bonjour, Aristide

          « les deux tiennent du même besoin : celui du dépaysement »

          Certes. Encore qu’il faille différencier ceux qui recherchent réellement un « dépaysement » et ceux qui, parfois entre compatriotes*, cherchent uniquement à recréer un « chez eux » les pieds dans l’eau. Le « dépaysement » n’est dans ce cas qu’un aspect secondaire.

          Parler de « besoin artificiel du dépaysement » me semble erroné : en quoi le désir temporaire d’un « ailleurs » est-il « artificiel » ? Pourquoi s’évader un temps par la lecture ou le cinéma serait-il vertueux, et passer quelques semaines plus ou moins loin de chez soi critiquable ?

          J’ajoute que mettre sur le même plan les « GR de Corse » et des visites de musées ou de villes-musée ne me semble par pertinent : dans le premier cas, la démarche est forcément active, et même exigeante ; dans les autres, elle peut être assez largement passive.

          * un peu à l’image des colonies de campeurs ou camping-caristes allemands du Finistère nord ou des Scandinaves entassés par milliers dans les villes balnéaires d’Andalousie.


        • Fergus Fergus 10 août 2022 16:23

          @ Séraphin Lampion

          A ce détail près que les mots « tourisme » et « touriste » préexistaient avant Thomas Cook.
          Stendhal a même écrit ses Mémoires d’un touriste des années avant que le Britannique ne crée sa célèbre entreprise de voyage !


        • Fergus Fergus 10 août 2022 16:34

          @ Séraphin Lampion

          « les « touristes » sont des consommateurs de produits vendus « clés en main » alors que les « voyageurs » organisent eux-mêmes leur périple »

          A mon avis, cette dichotomie est assez largement artificielle. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, partout sur la planète, l’on s’adresse en quête de renseignement locaux pratiques à un « Tourist office » et pas à un « Traveller’s office ». Les touristes « clés en main » n’en ont d’ailleurs pas besoin : tout est pré-organisé par leur « tour-operator » !


        • Clark Kent Séraphin Lampion 10 août 2022 16:49

          @Fergus

          Alors, dans ce cas, heureux le touriste qui a tout vu avant l’arrivée des touristes !


        • Aristide Aristide 11 août 2022 08:15

          @Fergus

          Votre problème est que vous savez ce qui est bien et ce qui l’est moins, et même ce qui est mal. Une mesure universelle de la valeur !!! 

          Et malheureusement, ce n’est pas sur ce seul sujet où vous excellez dans la hiérarchisation sur la base d’une différenciation de valeurs que vous édictez comme seule mesure possible !!! Une sorte d’échelle incontournable.

          Voilà donc que le dépaysement du visiteur de Disneyland serait moins « bien » que celui du Château de Versailles. Voilà donc, que le randonneur de GR en Corse est un acteur valeureux et exigeant de son loisir alors que les pataugeurs en Méditerranée ne sont que des légumes passifs. Voilà donc le touriste allemand grégaire de la Costa Brava ne peut se mesurer à celui qui cherche le dépaysement ....

          Pour ma part, je ne met aucune hiérarchie de quelque nature que ce soit dans ce domaine et d’en beaucoup d’autres. MAis c’est vrai que je ne suis pas du camp du bien ...

          Vous, à l’image de Sandrine ROUSSEAU vous savez ce qui est mal de faire en vacances. Je vous laisse à votre perfectitude ...


        • Aristide Aristide 11 août 2022 08:32

          @Fergus

          Sur cela : 

          Parler de « besoin artificiel du dépaysement » me semble erroné : en quoi le désir temporaire d’un « ailleurs » est-il « artificiel » ? Pourquoi s’évader un temps par la lecture ou le cinéma serait-il vertueux, et passer quelques semaines plus ou moins loin de chez soi critiquable ?

          Besoin artificiel(définition : qui résulte de la vie en société et n’est pas essentiel) au sens propre par opposition à naturel. Je ne met aucune hiérarchie, j’essaie simplement de caractériser la nature de ce tourisme de masse, réservé à une élite au début du siècle dernier , il est devenu un besoin pour tous et même une obligation sociale. 

          serait-il vertueux,

          Après, vous continuez dans la hiérarchisation, que vient faire la vertu dans cette affaire, il s’agit de différence de nature simplement. Le dépaysement est un besoin de l’homme en société, il s’impose à lui plus par pression sociale que par volonté propre.

          D’ailleurs on voit bien comment la mode influe directement sur le tourisme : les croisières, les voyages organisés, les vacances clés en main, ... sont le fruit de la créativité du secteur du tourisme. 

          Au siècle dernier, pour se dépayser , on escaladait le Mont-Blanc, aujourd’hui il s’agit de faire un tour de la terre. Le sommet de l’artificiel ...

           


        • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 11 août 2022 09:09

          @Aristide
           
          Les gens qui sont dans le camp du bien ne sont pas toutes de belles personnes, loin s’en faut. Et avec des clients pareils ledit camp du bien n’a pas besoin d’ennemis.


        • Fergus Fergus 11 août 2022 09:21

          Bonjour, Aristide

          Vous avez décidément un gros problème de compréhension de ce que j’écris : à aucun moment je ne juge en termes de « bien » ou de « mal » les différentes formes de tourisme.
          Et je n’y vois pas de phénomène de classe : il y a des CSP+ qui préfèrent passer leurs vacances les doigts de pied en éventail dans des clubs de vacances ou sur des paquebots de croisière et des personnes d’origine modeste en quête permanente, durant ces mêmes vacances, de découvertes de différentes natures. Chacun agit selon ce qu’il ressent de ses besoins du moment !


        • Aristide Aristide 11 août 2022 11:42

          @Fergus

          Déjà vous lisez vous-même assez mal j’ai écrit : « Vous semblez faire une différence entre le tourisme « éduqué » de classe et le touriste de base, bien beauf ».

          Il s’agit là de tout autre chose que la classe sociale !!!

          Pour le reste, je vous laisse dans votre déni de ce que vous soutenez entre le tourisme bel et bon, le votre en gros, genre GR et musées et celui des mauvais qui se rassemblent comme des moutons sur les plages ....


        • Fergus Fergus 11 août 2022 11:55

          @ Aristide

          N’importe quoi ! Votre goût pour le persiflage (plus ou moins malveillant) s’exprime encore !
          J’ai au contraire écrit à Séraphin Lampion qu’il n’y a pas lieu de différencier au plan « sémantique » les touristes, quelles que soient leurs aspirations en vacances !!!

          Je vous informe d’ailleurs que si je passe beaucoup de temps sur les sentiers de randonnée, mais nettement moins dans les musées (hors mauvais temps smiley ), il m’est également arrivé de faire partie des « moutons sur les plages » en différentes occasions.


        • Aristide Aristide 11 août 2022 13:31

          @Fergus

          Attendez, je ne nie as prendre un certain plaisir à vous mettre le nez dans vos contradictions. Si, si ....

          Là, il ne s’agit pas de sémantique, mais de votre manière assez claire de hiérarchiser les différentes formes de tourisme, c’est pas grave, vous avez le droit .... comme j’ai celui de vous le faire remarquer 


        • Fergus Fergus 11 août 2022 17:45

          @ Aristide

          Pour la énième je ne « hiérarchise » rien du tout, je note simplement qu’il y a différentes manières de visiter les lieux touristiques.


        • Fergus Fergus 11 août 2022 17:46

          Erratum : Pour la énième fois je ne...


        • Rincevent Rincevent 11 août 2022 14:06

          C’est vrai que la différence voyageur/touriste n’est pas toujours aussi aussi tranchée, mais quand même.

          - D’un côté, il y a ceux qui consomment du voyage comme n’importe quel service payant, avec une exigence de rapport qualité/prix (surtout prix…) dans un temps assez réduit (juillet/août) avec la conséquence inévitable de l’entassement, autant pendant le transport que le séjour. Le comble étant atteint par les derniers navires de ‘’croisière’’ (plus de 6 000 passagers, une horreur). Mais, au retour, on pourra dire autour de soi qu’on a ‘’fait’’ Venise, la Thaïlande, etc, même si c’était en troupeau bien encadré et chronométré.

          - De l’autre, ceux qui, fuyant les masses en shorts et tongs, et poussés d’abord par un désir de découvrir s’organisent différemment. Pour ceux qui le peuvent, tout sauf juillet/aout, et une préparation d’un séjour plus personnel. C’est là que le Routard, ou mieux le Lonely Planet, ne sont pas à mépriser. En sachant aussi que ce sera probablement un peu plus cher au final, car on n’aura pas la puissance de négociation d’un tour-opérateur.

          Avec cette option, nous avons pu découvrir, entre autre, une Venise (en hiver) sans touristes ni odeurs de vase, en flânant dans les différents quartiers, (dont le premier ghetto établi en Europe). Où encore Monemvasia en Grèce, magique quand elle est quasi déserte alors qu’en plein été ça doit être la galère pour circuler dans ses rues étroites.

          Ce sont des moments privilégiés et pour ceux qui veulent savoir vraiment ce que voyager veut dire, lire ou relire Nicolas Bouvier et son ‘’Usage du monde’’.

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Navire_de_croisi%C3%A8re
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Monemvasia
          https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Usage_du_monde


          • Fergus Fergus 11 août 2022 17:42

            Bonjour, Rincevent

            Votre commentaire souligne que, sans porter le moindre jugement de valeur sur les aspirations des uns et des autres, il existe de facto une typologie des touristes bien connue des professionnels et des autorités de tutelle.

            Comme vous, mon épouse et moi privilégions les voyages de découverte que nous construisons nous-mêmes de A à Z, ce qui déjà fait partie de notre plaisir.
            Nous aussi avons visité Venise dans ces conditions, en arpentant notamment des quartiers moins fréquentés comme celui (Cannaregio) où se situe le ghetto juif auquel vous faites allusion, mais aussi le quarter de l’arsenal, complètement délaissé par les tour-operators.
            Nous ne connaissons en revanche pas Monemvasia. Recherche faite, ce village semble magnifique.


          • Rincevent Rincevent 12 août 2022 00:46

            @Fergus
             
            Les sites magnifiques ce n’est pas ce qui manque (et sans aller au bout du monde), mais tous perdent de leur magnificence en juillet/aout, période à éviter ABSOLUMENT. Imaginez çà début septembre, SANS LA FOULE : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oia_(Santorin) une semaine inoubliable scotchés sur la terrasse d’une habitation semi troglodytique au dessus de la caldeira d’un volcan noyé dans la mer...


          • Fergus Fergus 12 août 2022 09:44

            Bonjour, Rincevent

            Mon épouse et moi avons nous-mêmes visité, cartes topographiques locales achetées à Athènes en mains) quelques îles des Cyclades (Santorin, Naxos, Paros et Mykonos), en logeant chez l’habitant et en utilisant les ferrys à une période (début mai) très peu chargée et par conséquent propice à des balades agréables, notamment sur les sentiers de l’intérieur où nous avons surtout rencontré des brebis et des chèvres.
            Un souvenir amusant : notre arrivée sur la plage de Super Paradise à Mykonos sac au dos et en chaussures de rando au milieu des gens à poil pour prendre la navette maritime afin de retourner à Chora. smiley


          • Aristide Aristide 12 août 2022 10:17

            @Fergus

            Votre copine de la Nupes vous a à l’œil, toute ces balades en ferry et navette maritime en Grèce en plus, en avion surement, pffff .
            Enfin !!! Ces balades vous valent son « c’est criminel de ne pas comprendre le réchauffement climatique. »


          • Aristide Aristide 12 août 2022 10:23

            @Fergus

            C’est vrai que la hiérarchie évidente que présente Rincevent dans sa description des deux types de tourisme à laquelle vous souscrivez n’est qu’une création de ma personne pour vous embêter !!!

            PS : Votre précaution « sans porter le moindre jugement de valeur » est digne d’un faux-cul de championnat !!!


          • Fergus Fergus 12 août 2022 11:38

            Bonjour, Aristide

            « sa description des deux types de tourisme à laquelle vous souscrivez »
            Faux  ! Une fois de plus, vous démontrez que vous tordez délibérément le sens des propos des autres intervenants.
            J’ai parlé dans mon commentaire à Rincevent de « typologie », sans rapport avec un quelconque jugement de valeur !!!

            Pour ce qui est du voyage dans les Cyclades que j’ai évoqué, il remonte à... 2002, autrement dit deux décennies en arrière, une époque où l’on n’évoquait pas encore  ou très peu  l’influence des comportements humains sur le réchauffement climatique !


          • Aristide Aristide 12 août 2022 13:08

            @Fergus

            Allez vous êtes pardonné, ...

            Sérieusement je me fous de la date de vos vacances, mon reproche qui n’en est pas un en réalité, était simplement là pour vous démontrer l’inanité de cette démarche écologiste de type bobo. 

            Vous évoquiez je crois ailleurs que vous n’avez pas cessé les voyages en avion mais vous les limitiez en distance et en fréquence, c’est bien ... vous pouvez postuler pour le vrai bobo-écolo. Je rajoute que votre gout sans limite pour la randonnée est un plus dans ce concours.

            Vous avez raison d’éviter tout de même les coins surpeuplés, vous y rencontreriez des gens du peuple qui se tassent bêtement sur les plages et vont dans les camping. Souvent faute de pouvoir se payer mieux ... C’est vrai que même pas loin, ni souvent l’avion et l’hôtel, c’est pas pour les beaufs ...

            Je vous taquine, je me moque simplement de votre croyance à « œuvrer pour la planète ». Pour le reste, continuez et randonner où vous voulez, et parcourez le monde entier, en avion ou en pédalo, même en jet ski, surtout quand cela défrise la Sandrine, vous savez la copine à Mélenchon ...

            Ce n’est surement pas moi qui vous accuserais de quoi que ce soit ....


          • Fergus Fergus 12 août 2022 17:34

            @ Aristide

            Je n’ai pas de « croyance à « œuvrer pour la planète » » : je suis écolo mais pas trop !
            Sans doute ferai-je plus d’efforts le jour où les grands contributeurs industriels du réchauffement climatiques seront enfin sérieusement mis en demeure de réduire leurs émissions.

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