@Pierre-Marie Baty
L’esprit est-il une propriété de la matière, ou la matière une propriété de l’esprit ?
Ben oui c’est le débat fondamental au fond.
Le Bouddhisme plaide pour le deuxième point de vue comme l’Hindouisme d’ailleurs, le monde matériel étant vu comme Maya, comme une illusion facétieuse..
On peut d’ailleurs observer que notre perception de la matière se fait par l’intermédiaire de nos sens donc de notre esprit et uniquement lui.
Dit autrement la matière nous apparait comme telle que parce que notre cerveau est conditionné à le faire ainsi.
Si on s’amuse à percevoir notre conscience naturelle par une conscience disons transcendantale (en arrière plan en quelque sorte) l’aspect matériel cesse on n’a plus qu’une perception de notre perception.
On trouve quelque chose d’approchant chez Husserl avec sa notion d’épochè.
Je cite :
« L’ἐποχή phénoménologique. À la place de la tentative cartésienne de doute universel, nous pourrions introduire l’universelle ἐποχή, au sens nouveau et rigoureusement déterminé que nous lui avons donné. (…) Notre ambition est précisément de découvrir un nouveau domaine scientifique, dont l’accès nous soit acquis par la méthode même de mise entre parenthèses (…). Ce que nous mettons hors de jeu, c’est la thèse générale qui tient à l’essence de l’attitude naturelle (…). je ne nie donc pas ce monde comme si j’étais sophiste ; je ne mets pas son existence en doute comme si j’étais sceptique ; mais j’opère l’ἐποχή phénoménologique qui m’interdit absolument tout jugement portant sur l’existence spatio-temporelle. Par conséquent, toutes les sciences qui se rapportent à ce monde naturel (…) je les mets hors circuit, je ne fais absolument aucun usage de leur validité ; je ne fais mienne aucune des propositions qui y ressortissent, fussent-elles d’une évidence parfaite » (Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique (1913)
l’épochè désigne donc la mise en suspens de la thèse naturelle du monde, c’est-à-dire la croyance à la réalité extérieure du monde.
On pourrait aussi évoquer les notions de conscience transcendantale chez Husserl, de l’objectivité construite in fine par la subjectivité.
Bien évidemment il s’agit d’un point de vue initiatique, fort différent de la perception naturelle, qui croit spontanément au monde dit extérieur.
Sinon notre conscience est-elle le résultat du cerveau ou ce dernier n’est-il au fond qu’une sorte de radio permettant à celle-ci de s’actualiser ?
On peut soupçonner dans l’activité cérébrale des processus quantiques, ce qui nous éloigne fort de la matière au sens ordinaire, la macro-matière, qui a une tendance forte à l’entropie.
Au contraire le monde quantique, avec notamment son principe d’intrication et de non séparabilité fait que nous pourrions tous être connectés les uns aux autres sans même que nous en soyons conscients..
Le quantique fournit aussi un cadre théorique fort aux phénomènes parapsychiques, aux NDE, etc..