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Commentaire de SmeagolGollum

sur Campagne d'affichage contre la tauromachie... actions et réactions !


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SmeagolGollum (---.---.86.1) 22 mai 2006 18:10

Yo,

Une définition de la spiritualié ? J’avoue ne pas avoir sous la main les mots pour définir une telle notion qui relève plus de la faculté spontanée du cerveau à interpréter les choses, qu’à les mettre sur papier. Mais si vous et moi sommes honnêtes, je pense que nous avons la même notion de la spiritualité, bien qu’elle diffère radicalement dans son interprétation.

Vous partez du postulat qu’il est nécessaire à l’homme d’évoluer dans l’acceptation de l’animal à l’égalité de l’homme, à tous niveaux. Je le formule autrement : vous considérez que l’homme qui mange de la viande ou qui tue des animaux n’a pas encore « assez » évolué. Ceci est votre conception du monde. Dans la mienne, l’homme qui se force par conviction à ne plus manger de viande ne subit pas une évolution (au sens positif) mais une dégradation, quand bien même il trouverait un équilibre envers lui-même (un violeur aussi peut se trouver être en phase avec lui-même).

Alors la corrida est, de nos jours, acceptée. Si demain elle était rejetée, et que mes enfants n’ayant pas grandi dans une ère de corrida trouvent cela intéressant, devrais-je les considérer comme déséquilibrés ? Je pense que là, il s’agit d’une notion fondamentale du « bien et du mal » (si vous trouvez une formulation plus adéquate, ne vous privez pas ;) ) : dans le sens très terre à terre où « violer, tuer un homme, c’est mal » et « tuer un animal n’est pas fondamentalement mal » (je n’ai pas écrit « tuer un animal est bien », puisque ma conscience me dicte que si quelqu’un tue un animal juste pour le plaisir jouissif de tuer, ce n’est pas concevable pour moi : j’exclue évidemment les chasseurs et les aficionados de corrida dans cet exemple étant donné qu’ils ne tuent pas pour un plaisir jouissif).

Pour moi, arriver à un idéal où je ne mangerais plus de viande n’est pas concevable, puisque cela correspond, à mon sens, à une dégradation et non à une évolution vers une mentalité plus civilisée. Cela reviendrait à nier une part de ce que nous sommes, c’est-à-dire des animaux : dépasser l’homme n’est pas refuser l’homme, mais dépasser l’animal tout en l’acceptant. En d’autres termes : nous avons la possibilité de comprendre les choses, mais cela doit cohabiter avec ce que nous sommes et non le refuser.

Maintenant, si je vous dis que gustativement je préfère un bon steak saignant à une carotte, je doute que toute notion de régime « supérieur » puisse y faire quelque chose. A moins que je renie ma propre sensation de plaisir à manger de la viande. Et cela, je refuse de nier ce que je suis. Ce qui ne m’empêche pas de me demander, par exemple ce qu’est l’Univers. J’estime que refuser cet état de fait pour le « dépasser » est une dégradation, et non une évolution (je pense que ceci est très important dans notre divergence de conception des choses).

Mais Yo, poussons le bouchon jusqu’au bout : et les plantes, ne souffrent-elles pas ? Pourquoi vous acceptez de manger végétarien ? Vous avez accepté le fait que les plantes pouvaient être sacrifiées contrairement aux animaux ? Les animaux bougent, les plantes non, donc votre sensibilité et votre compassion ne s’applique qu’aux animaux ?

Poussez votre raisonnement jusqu’au bout, ne vous arrêtez pas en chemin. L’apogée de votre évolution se concentre dans le fait d’ingérer des pillules industrielles, générées à partir de matériau non vivant. Sinon, c’est un peu trop facile : je me pousse à accepter la non violence envers les animaux, mais je ne vais tout de même pas la pousser aux végétaux, ce serait trop difficile à accepter. Allez jusqu’au bout. Qu’est-ce qui vous prouve, sans équivoque, qu’une plante ne souffre pas lorsque vous la coupez pour la mettre dans votre régime végétarien ? Qu’est-ce qui vous prouve qu’une plante n’a pas d’âme ? Et un animal ? A-t-il une âme telle que les humains en ont ou bien le développement de leur cerveau ne permet pas la prise de conscience de soi et la souffrance des, au hasard, taureaux que vous devinez n’est-elle pas juste une réaction physico-chimique du tissu bovin ?

On peut aller très loin, mais ce qui est certain, c’est que personne ne le sait. Par contre, on sait que la « tendance moderne » vise à avoir une compassion humaine envers le règne animal. C’est autant arbitraire que de ne pas l’avoir envers le monde végétal. Mais qui sait, peut-être qu’en 2020 la nouvelle mode sera d’avoir pitié des salades...


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