@Gollum
Vous avez une lecture photographique des Écritures. Ce n’est
pas du tout dans cet esprit qu’il faut les lire. Vous plaquez la mentalité
contemporaine sur ces textes, ça conduit forcément à des aberrations. Une
herméneutique est indispensable, c’est l’Écriture elle-même qui nous l’enseigne :
« Il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait »
(Lc 24, 27).
Réponse : Ah oui mais jusqu’à Vatican II l’Église a
fait une lecture littérale.
Réponse : L’Église a toujours professé que Dieu
avait créé le monde, et ça reste encore l’hypothèse la plus probable. Pour le
reste, les textes sont dépendants des mentalités et des cultures dans lesquels
ils ont été rédigés, d’où la nécessité d’une approche herméneutique et
philologique. D’ailleurs c’est la mentalité contemporaine qui est obsédée par
les origines, les modalités précises de la Création, etc. Les textes se
focalisent bien plus sur la fin. Et il y a eu d’innombrables expressions authentiques de
la foi sans se focaliser là-dessus.
Mais le cours de la discussion est vraiment caractéristique.
On en revient toujours à la science. Vous parlez de l’évolution. Ce qui est
intéressant, c’est que Nietzsche n’a jamais utilisé cette théorie contre le
christianisme. Il se plaçait sur un autre plan pour engager la lutte, il ne
daignait pas s’abaisser à utiliser des considérations aussi incertaines et
aussi triviales. Voici ce qu’il dit sur Darwin : « Il se peut que l’homme
de pouvoir de grand style, le créateur doive être un ignorant, - tandis qu’inversement
une certaine étroitesse, de la sécheresse, une patiente minutie, bref quelque
chose d’anglais, prédispose assez bien à faire des découvertes scientifiques
dans le genre de celles de Darwin. (…) La noblesse européenne, - la noblesse du
sentiment, du goût, des mœurs, bref la noblesse dans tous les sens élevés du
mot, - est l’œuvre et l’invention de la France ; la vulgarité européenne,
la médiocrité plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’Angleterre » (Par-delà
le bien et le mal, 253).
Nietzsche était un esthète,
jusqu’au bout. Le Cas Wagner est un de ses derniers textes. Il n’aurait rien
fait de votre histoire de multivers, pour lui ça aurait été un truc de
technicien, il n’avait pas votre conception totalitaire (moderne) de la vérité.