@Soucougnan
Désolé de vous le dire, mais vous parlez de ce que vous ne
connaissez pas. Le libéralisme capitaliste, dit libéralisme
classique d’avant 1929, laissait faire. Le néo-libéralisme est une
réaction contre ce laisser-faire qui a produit plusieurs crises
financières et économiques. La dernière en date et la plus grave
étant celle de 1929. Lippmann avait déjà vu que ce libéralisme ne
fonctionnait pas et avait commencé ses recherches dès avant la
première guerre mondiale.
Après 1929, le keynésianisme
a été le système adopté par Eisenhower et, au fur et à mesure,
par tous les pays capitalistes. Ce qu’on appelle le protectionnisme,
l’étatisme libéral au Japon et en Allemagne, la tradition
sociale-démocrate en Europe du Nord, l’interventionnisme et
colbertisme en France. La thèse centrale du keynésianisme est que
les marchés laissés à eux-mêmes ne conduisent pas à l’optimum
économique, et que l’État a un rôle à jouer dans le domaine
économique pour pallier les défaillances des marchés. Il est
donc nécessaire pour la puissance publique de mettre en œuvre des
politiques de stabilisation et de soutenir l’emploi plutôt que
lutter contre l’inflation. Il faut dire que des millions de gens se
sont retrouvés à la rue en 1929.
En 1938 a eut lieu en
France le colloque Lippmann qui a officiellement inventé le
néolibéralisme. Différentes écoles étaient présentes dont
l’école autrichienne de Hayek et l’ordolibéralisme allemand. Après
la guerre, le keynésianisme s’est étendu tandis que les néolibéraux
rongeaient leur frein. À partir des années 70, le keynésianisme a
marqué ses limites avec des phénomènes de stagflation. Friedman et
l’école de Chicago sont alors entrés en jeu avec un néolibéralisme
qui avait eu le temps de prendre de la maturité.
Pour
voir si le néolibéralisme fonctionnait, les Etats-Unis de Nixon ont
voulu l’essayer. Ils ont donc organisé le coup d’État au Chili
pour installer Pinochet au pouvoir avec la feuille de route de Milton
Friedman. Le néolibéralisme était au pouvoir pour la première
fois. Normalement, le néolibéralisme n’est pas violent
physiquement. Il l’est par ses méthodes de manipulation douce.
Au
bout d’un an, des milliers d’exécutions, le Chili exsangue. Pas de
souci, les EU ont recommencé en Argentine en plaçant Vidella avec
un néolibéralisme amélioré. Mêmes conséquences.
Qu’à cela
ne tienne.
Dans les années 80, arrivent Margaret Thatcher puis
Ronald Reagan qui eux, vont aller vers l’ultralibéralisme. Là,
c’est simple, il s’agit de laisser aux marchés toute la liberté et
de réduire l’État aux fonctions régaliennes (police, justice,
armée), le principe étant que l’Etat est l’emmerdeur du
capitalisme. En France, Mitterrand étant dans des difficultés
économiques se dit que c’était certainement la solution puisque
Margaret avait décrété : « There is no alternative », «
Il n’y a pas d’autre choix ». Notre socialisme est devenu libéral
mais pas tout à fait ultralibéral car Mitterrand tenait tout de
même à un État relativement fort. Disons qu’il aimait le pouvoir
et faire 2 ou 3 petites choses au niveau sociétal. Le problème est
que les dégâts ont continué. En 1991, la chut du mur et
l’effondrement de l’URSS offre au monde occidental et donc
capitaliste la victoire. Le capitalisme va enfin pouvoir s’étendre.
C’est à partir de ce moment-là qu’on a eu vraiment besoin des
techniques néolibérales, c’est-à-dire, celles de la manipulation
des masses. Cela dit, Bernays avait inventé la propagande en 1928,
pour gentiment influencer les gens, jusqu’au moment où il s’est
rendu compte que son bouquin « Propaganda » était le livre
de chevet de Goebbels.
Donc sont arrivés dans la foulée les
gouvernements invisibles avec leurs cohortes de cabinets d’experts en
psychologie comportementale et la fabrique du consentement.
Le
néolibéralisme prône un interventionnisme au contraire de
l’ultralibéralisme et du libertarianisme, a fortiori. Mais cet
interventionnisme agit sur :
— l’éducation des gens par
le nudge (coupe de pouce du comportement) afin qu’ils s’adaptent
parfaitement au marché, c’est-à-dire, qu’ils aient le comportement
attendu.
— les
réformes nécessaires pour que le marché soit libre et non
faussé.
C’est ce que fait Macron. Son autoritarisme est
une faute selon les « lois » néolibérales, car tout devrait
se passer en douceur.
Oui, mais voilà, les gens ont un
peu de caractère et surtout n’aiment pas souffrir. Et le capitalisme
ne correspond pas à une manière de vivre adaptée à
l’environnement naturel. Tout crève et du coup, le marché libre et
non faussé ne fonctionne jamais bien.
Vous revendiquez
être pour "le
laisser-faire, la non-intervention de l’état dans le jeu
économique". Or,
le
capitalisme libéral a fait la preuve après le libéralisme
classique du XIXe siècle, le keynésianisme du XXe,
l’ultralibéralisme
des années 80 et le néolibéralisme que ça ne marchait pas. Vous
n’allez tout de même pas dire que le système fonctionne bien en
France et en Europe. Le nombre de pauvres a été multiplié partout,
la croissance n’avance plus depuis près de 20 ans (c’est
général à la terre entière désormais),
la précarité devient un mode de gestion quasi normal. Et surtout,
le monde du vivant agonise et les espèces qui ont disparu ne
reviendront jamais.
Et si vous
étiez réellement sincère et lucide, vous appelleriez votre
libéralisme, capitalisme libéral. Vous êtes avant tout capitaliste
et c’est cela qui est en train de nous tuer. Le point commun du
libéralisme classique, du keynésianisme, de l’ultralibéralisme et
du néolibéralisme c’est que ce sont différentes méthodes
capitalistes. Ca ne peut donc pas marcher puisqu’à cause de lui (on
préfère dire « à cause de l’humain » pour cacher la
vérité), nous avons dépassé 6 limites planétaires sur 9. Et que
c’est désormais irréversible. Désormais, il ne s’agit plus de
vivre mais de survivre.
N’essayez pas de m’expliquer le
néolibéralisme tant que vous ne vous serez pas suffisamment
renseignée.