@Gollum
Je maintiens ma formulation.
C’est bien la propension des pharisiens à la rectitude morale que condamne
Jésus. C’est vous en l’occurrence qui faites un contresens sur le terme d’hypocrisie.
Jésus ne reproche pas aux pharisiens d’être bons en apparence et vicieux au
fond d’eux-mêmes. Les pharisiens étaient bien intentionnés, sincèrement désireux
d’accomplir la volonté de Dieu, jusqu’aux moindres détails. Ils n’étaient pas
hypocrites dans le sens où ils se goinfraient en cachette par exemple. Une telle
lecture est simpliste. Ce que leur reproche Jésus, c’est de s’estimer
quittes à l’égard de Dieu à partir du moment où ils ont accompli tous
les commandements, c’est (et on pourrait très précisément vous le reprocher
cher Gollum) d’estimer qu’ils sont en règle avec Dieu, et qu’ils
n’ont pas besoin de la grâce de Dieu. D’où la préférence de Jésus pour les
pécheurs, conscients, eux, de leur péché, et du besoin qu’ils ont de la Grâce
de Dieu. Jacques Ellul explique très bien tout cela. Vous faites une lecture
morale simpliste, vous êtes prisonnier de ce schéma moral, ascétique, autosuffisant,
très grec (ou indien).
L’ascétisme chrétien auquel
vous faites référence est justement une tentative de retour à des pratiques communes
dans l’histoire universelle, à une voie ascétique bien connue des Grecs
(Pythagore, Platon, Plotin), mais qui n’a rien de biblique. Il s’agit justement
pour l’homme de faire son salut par ses propres forces, ce
qui est incompatible avec le salut par la grâce et la miséricorde exposé dans
le Nouveau Testament. Je ne me réfère ici qu’à la Bible. Le christianisme
historique a pu dévier de l’enseignement biblique et retomber dans des schémas
mentaux et moraux universels. C’est même une grande partie de l’histoire du
christianisme. Je le reconnais tout à fait, mais ce n’est pas du tout mon objet
ici.
Il y a bien une morale
chrétienne, ce n’est pas l’objet de l’article, mais la visée est totalement
différente (le point de départ n’est pas l’effort personnel, la vertu, mais
justement l’Autre, c’est-à-dire Dieu, d’où l’importance du mot « comme » :
« comme je vous ai aimés… », « comme votre Père est parfait »,
etc. C’est un renversement complet de la perspective).
(Je n’ai jamais bloqué
Mélusine. C’est elle qui me boycottait depuis des années, sans que je sache
bien pourquoi, pour le plus grand profit de la lisibilité du fil de
commentaires, je le reconnais.)