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Commentaire de Étirév

sur Les « Epoux Arnolfini » n'ont pas fini de faire parler d'eux...


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Étirév 27 octobre 2022 11:12

Corps, Âme et Esprit
L’Esprit, dit Basilide, c’est l’Âme de l’Âme, pour ainsi dire ; il s’unit à elle, il l’éclaire, il l’arrache à la terre et l’élève avec lui dans le ciel.
« Elle monte toujours. Il faut qu’elle atteigne une région déserte que ne hantent plus les oiseaux qui pourraient troubler le mystère. Elle s’élève encore... Elle demande un dernier effort à ses ailes, et voici que l’élu des forces incompréhensibles la rejoint, la saisit, la pénètre et, qu’emportée d’un double élan, la spirale ascendante de leur vol enlacé tourbillonne une seconde dans le délire hostile de l’amour. » (M. Maeterlinck, La vie des Abeilles, Le vol nuptial)
Les Egyptiens figuraient l’âme humaine sous la forme d’une abeille ; une conception que l’on retrouve chez les Bantou et les Chagga pour qui « sous tous les rapports, les abeilles sont des êtres humains » (B. Gutmann, L’Apiculture chez les Dschagga).
Platon dit que les âmes des hommes sobres se réincarnent sous forme d’abeille.
Ainsi, l’Âme possède les moyens voulus pour procéder à sa transmutation spirituelle, pour opérer, en toutes ses parties, le miracle des « Noces de Cana », Mariage parfait et céleste.
Ce Mariage a pour symbole l’Ancolie, cette fleur mystique dont Léonard de Vinci et son école ont orné leurs œuvres. Or, cette fleur, de sexe androgyne est, d’après l’enseignement du Moyen Age, le symbole de l’Union, celle de la nature divine et de la nature humaine. Dans les vieux fabliaux qui nous content son emploi dans les coutumes médiévales, l’Ancolie est la fleur du parfait amour, c’est la fleur de l’Initié.
Aussi, ce Mariage, cette « endogénie de l’être transcendant », se trouve représenté symboliquement de mille manières : par l’Union de l’Esprit et de la Force, celle du Feu et de l’Eau ; c’est aussi le Ciel qui pénètre la Terre ; « C’est comme lorsqu’un homme et une femme s’unissent et qu’une conception a lieu, précise André Préau, qui ajoute aussitôt qu’il s’agit bien d’une seconde naissance, non plus physique, mais spirituelle. » (Le Secret de la Fleur d’Or du Suprême Un)
« Le résultat du mariage, c’est un être sphérique qui monte vers les Dieux, avec une force extraordinaire, dit Claude Gaignebet... Ainsi, la règle du mariage c’est de refaire la sphère... c’est le mariage avec soi-même, avec sa propre part féminine. On parle toujours de notre nature double, mais personne n’essaie de s’épouser sérieusement, n’essaie de reconstituer un ensemble sphérique, parfait, invincible. Soi-même réconcilié avec soi-même, ça fait peur de toute évidence... Groddeck nous invite à être enfantin, pas infantile... et se retrouver complet comme l’enfant tranquille. » (Entretien, Du mariage comme accès au divin)
D’un point de vue exotérique, cette opération de « reconstitution » n’est pas sans rappeler une pratique traditionnelle très caractéristique qui est aux origines du mot « symbole », d’où « sumbolon », en grec (sum-bolon ou ballein, qui unit, rassemble), qui désignait la tessère coupée en deux, dont deux hôtes gardaient chacun une moitié transmissible aux descendants ; ces deux parties « rapprochées » ou « mises ensemble » permettaient de faire reconnaître leurs porteurs. Dans l’ordre ésotérique, chez les Pythagoriciens notamment, ce terme comportait également l’idée de « mise en commun », de « complémentarité », mais de quelque chose d’un ordre plus intime... idée que l’on retrouve dans la réalisation du « samâdhi » (substantif du verbe « samâdha », rassembler complètement), de la Bhagavad-Gitâ. Enfin, souvenons-nous que l’antonyme étymologique du mot « symbole » est le mot « diable » (de dia-bolos ou ballein, qui désunit, diviseur).
Ce « complément » de l’homme, ce « Double », c’est son Âme immortelle, suprême mystère de l’existence de l’homme...


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