Ce nouveau positionnement « gauche/droite » en politique est
une des nombreuses manifestations du glissement sémantique vers la
matrice anglo-américaine.
Les anciens socio-styles spécifiques à la France depuis la
troisième république (gauche anti-capitaliste v/s droite attachée
à la propriété privée des biens de production) avaient déjà
évolué, puisque juste avant, sous la Restauration, on avait
à droite les royalistes, antirépublicains prônant un retour à
l’ancien régime, à gauche
les libéraux,
héritiers de la révolution bourgeoise de 1793 et de l’empire,
défenseurs des libertés individuelles et du libre échange et
partisans d’une monarchie constitutionnelle. Les tenants de
l’économie de marché étaient passés d’un côté à l’autre (dans
l’hémicycle et dans le vocabulaire).
Depuis
l’implosion de l’URSS, la disparition du PC des écrans radar et la
montée en puissance de l’acculturation hollywoodienne, c’est la
bipolarisation à l’américaine qui s’est substituée aux anciens
repaires : la gauche (démocrates) protectrice des « minorités »
et la droite (républicains) championne des « valeurs »
traditionnelles.
Il
est probable que ce bouleversement, qui rend les choses confuses pour
les porteurs d’une double culture que nous sommes, n’est pas le
dernier. Et ce ne sera pas pour revenir en arrière. L’histoire ne
repasse pas les plats.