« Capitalisme immatériel », n’est-ce pas un
oxymore ? Lorsque Marx, auquel vous vous référez sur votre site, parle de « capital
fictif » il montre bien en quoi il n’a pas d’existence réelle en dehors de
son lien, si indirect soit-il, avec la production de marchandise.
Or un « produit immatériel », même « marchandisé »,
reste immatériel et n’est donc pas une marchandise au sens propre du terme. Le « glissement
du capitalisme » vers l’ « immatérialité » est donc une
illusion.
Pour vous en sortir vous tentez d’établir un lien entre
ce supposé « capitalisme immatériel » et ce qui semble être encore du
« capitalisme financier », effectivement devenu tout à fait « fictif »,
pour l’essentiel, et qui n’est donc plus du capitalisme non plus !
En réalité, le capitalisme financier, au vrai sens du
terme, s’est bel et bien effondré avec la crise de 2008. Ce qui en survit,
formellement, avec les mêmes marques, les mêmes logos, ne tient plus debout que
par l’intervention constante des Banques Centrales, de leur « planche à
billets » électronique, et de la
manipulation habile des taux d’intérêts « garantissant » la dette
publique et privée, mais qui ne fait que s’accroitre, depuis des décennies, à l’échelle
mondiale.
Des « superprofits financiers » qui n’aboutissent
pas à une réduction de la dette sont donc déjà hors du champ du capitalisme.
Ce sont eux-mêmes des « profits fictifs d’un capital
fictif » qui n’existe et ne survit que par la dette banco-centralisée.
Contrairement à ce que vous voulez conclure, il n’y
aucune raison que ce système banco-centraliste, et non plus capitaliste, en
réalité, s’effondre, tant qu’il reste sous le contrôle des principales Banques
Centrales qui contrôlent déjà l’essentiel de l’économie mondiale, depuis 2008
déjà.
La mort du « capitalisme matériel », c’est-à-dire
du capitalisme tout court, en réalité, même avec sa rallonge « financière
fictive », est déjà effective, pour l’essentiel, depuis 2008, donc, même s’il
en subsiste quelques restes ici et là sur la planète, comme en Russie, par
exemple… !
Contrairement à ce qu’en pensent la plupart des pseudo-« marxistes »,
cette fin du capitalisme est tout à fait conforme à la prospective qu’en faisait
Marx, dès 1857, dans ses Grundrisse, dix ans avant Le Capital, un ouvrage
précisément limité, quant à lui, à décrire essentiellement le capitalisme
industriel de son temps et son évolution en cours, mais pas nécessairement au-delà,
même s’il pouvait évidemment espérer, dans le contexte social de son temps, que
la Révolution prolétarienne se produise avec la génération suivante, sans
attendre le stade de l’ « immatérialité » de la production !
Si Marx s’est bien en partie « trompé », c’est
donc plutôt sur la capacité du prolétariat à s’organiser en classe dominante
capable de socialiser véritablement la production à une échelle suffisante pour
supplanter le capitalisme, ce que même l’URSS n’est donc pas parvenue à
accomplir durablement.
Luniterre
Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq
formes du capital et trois stades du capitalisme
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-village-primitif-au-monopole-241522
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