@SilentArrow

Le terme « boomer » est manipulateur, et appelle au clivage, dans une interprétation tendancieuse du passé. Bien des jeunes se font ainsi avoir à ce piège, projetant leur agressivité non sur le libéralisme fou, mais sur leurs propres pères, transformés en bouc émissaires, coupables d’avoir abusivement profité d’une société de consommation où tout aurait été facile, et d’être coupable de ce qui arrive,....C’est un vieux truc. Pétain se lavait les mains en accusant les Français du front populaire d’être coupable d’avoir offert le pays à l’ennemi, par leur paressse, et leur désir de jouissance.. Si l’on étudie sereinement ces années là, pourtant, on sait bien que l’argent est loin de couler à flot. Dans les années 60, les Français ont juste retrouvé le pouvoir d’achat des années 30...La France s’est enrichie, mais les Français sont pauvres. 

Toutes ces expressions, « moyen âge » « années folles », ou « 30 glorieuses » ne sont des qualifications postérieures au fait, en disant davantage sur le regard distancié des hommes, leur présent, que le passé. Qu’un cataclysme arrive demain, et notre début du siècle sera vu avec envie par nos enfants, et sera baptisé pourquoi pas « été indien »..... Objectivement, c’est davantage le sentiment de pauvreté et de déclassement qui s’est développé depuis ces années là, qu’un réel appauvrissement, en rapport aux exclus déjà de cette époque, qui ne portaient pas néanmoins ce poids atavique d’un sous prolétariat sans perspective. 

      Je n’ai pas de souvenir de jeunes gens, mis à part les musiciens, faisant la manche, et vivant dans la rue, avant les années 80, phénomène qui s’est développé avec l’extension des drogues, et de l’exclusion sociale, sanctionné par l’apparition du RSA, bien plus tard, qui était devenu incontournable, sanctionnant non un progrès à mon sens, mais plutôt un abandon de l’état de ses missions d’intégration. Des centres FPA ont par exemple été fermés partout dans le pays, en parallèle avec l’abandon de régions entières, dont les usines furent démantelées, et remontées dans les pays émergents.

     Les années 70, « Société de consommation », comme on les appelle alors et dont Georges Perec, fera écho dans « les choses », sont bien loin du consumérisme actuel. S’acheter une Tv exige encore quelques mois de travail, et comparativement, il faut bien davantage de temps que maintenant pour s’acheter une voiture. Hors de question de prendre l’avion, dont le prix exorbiant freine le tourisme mortifière, dont le procés sera pour bien plus tard. Certains qui maintenant font le procès de cette génération, en les taxant de « papy boomers » qui auraient été gâtés par un cycle ininterrompu de richesse ne se doutent pas de la dureté d’une époque où les conditions de travail sont encore souvent très dures, et peu encadrées.