@sylvain
Il était certes absurde d’imaginer que l’empire soviétique était le
protecteur des prolétaires ou une société communiste mais on peut
penser, au vu du neoliberalisme triomphant qui a suivi sa chute, que
l’existence même de cet ennemie avait d’une certaine manière protégé le
peuple des abus de cette oligarchie, qui ne pouvait pas tout se
permettre du fait de l’existence de cet ennemie .
Je ne connais pas assez l’histoire de l’URSS pour savoir si on peut dire la même chose dans l’autre sens
On peut penser au fait que des responsables politiques libéraux et défenseurs du système capitaliste avaient compris au lendemain de la Deuxième guerre mondiale à la nécessité de mettre en place des mesures de Sécurité Sociale (« welfare state ») inspirées de l’exemple donné par les lois sociales de l’URSS. Il est vrai que le très peu socialiste Bismarck les avaient devancés dans l’Allemagne impériale.
Ainsi on peut citer le Beveridge Report en Angleterre, qui met en place pendant la guerre un État-Providence, malgré les réticences des Conservateurs, la création de la Sécurité Sociale en France et la théorisation de la « Prospérité pour tous » (Wohlstand fûr Alle) par le futur chancelier Ludwig Erhard en Allemagne fédérale, qui devait aussi démontrer à la RDA stalinienne la supériorité de son modèle ordo-libéral.
Dans l’autre sens, et pour apporter (un peu) d’eau à votre moulin, j’ai en tête une anecdote sur la réception en URSS du film de John Ford « Les Raisins de la Colère » qui décrit les tribulations d’une famille de prolétaires dans l’Amérique de la Dépression des années trente. Les responsables soviétiques avaient d’abord autorisé sa projection pour montrer aux masses les dégâts du capitalisme jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que dans cet enfer même les pauvres pouvaient se payer une automobile...