Deux scénarios philosophiques :
— Si l’on dit que la paix ne peut découler que de la pensée, alors il faut toujours un certain ordre préalable créé par cette pensée. Car la pensée a besoin d’ordre pour se mettre en mouvement ; elle déteste l’agitation et la profusion. L’ordre émanerait de la pensée ; c’est la conception de René Descartes. Mais si cela marchait, l’ONU, institution qui a été pensée au niveau mondial après la guerre, aurait déjà réglé le problème.
— Si l’on pense, au contraire, que la paix ne résulte pas de l’ordre (de la pensée) mais du désordre de la vie (et de l’action), on accepte alors par avance le verdict des contingences guerrières et politico-économiques, on se range du côté des « pragmatiques » de la Real politic.
Dans les deux cas, l’idée de paix remonte à l’idée d’ordre. Mais l’ordre de la pensée n’est pas du tout le même en démocratie et dans un état autoritaire. Dans une partie du monde, l’ordre s’impose par le haut comme le salut face à tous les dangers.
La première hypothèse est idéale car on n’a pas le temps de penser la paix quand les choses vont trop vite. Un cessez-le-feu pour réfléchir ? Les deux camps en profiteraient pour préparer de nouvelles offensives...
La seconde hypothèse est purement inacceptable. Peut-on admettre quel paix soit le seul résultat du fait accompli et que la loi du plus fort comme dans la fable du Loup et de l’Agneau (même s’il n’y pas ici d’agneau) ?
La paix issue de l’ordre de la pensée ou la paix issue du verdict des combats ?
Quelque part entre les deux, il existe une troisième voie possible.
L’auteur de l’article le croit aussi. Aucun des deux scénarii philosophiques n’est pleinement satisfaisant.
La pensée, c’est le bon ordre mais la pensée n’est pas synonyme de vie ni de création : elle est stérile face à la plupart des situations qui la dépassent. La vie est chaos et profusion d’où émergent la création. Si la pensée commande, on cherchera des règles, des normes, des valeurs et l’on ne se mettra d’accord sur rien au plan international. Ou bien alors ce sera un accord éphémère et trompeur pour offrir a paix surtout aux dirigeants de ce monde (ils sont très soucieux de leurs carrières et de leur postérité dans l’Histoire). Cette paix fragile et instable serait le ferment de désordres à venir( comme on l’a vu en 2014).
Si c’est l’action qui décide, alors on continuera de compter les bons et mauvais points des deux côtés et on continuera dans l’enchère et la « sur en chair » à canon !
Si on fait un pas de côté en sortant de ce dualisme philosophique, on peut s’interroger : qu’est-ce qui est humain ?