Anticor, représentée par
ses deux juristes, Inès BERNARD et Clarence BATHIA, a été auditionnée
le 11 janvier 2023 dans le cadre de la mission d’information du Sénat
sur la réforme de l’organisation de la Police judiciaire.
Anticor a notamment souligné
l’importance de l’actuelle distinction entre service de police
judiciaire et service de sécurité publique : elle permet aux membres de
la police judiciaire de se concentrer sur les investigations portant sur
les infractions les plus complexes en matière de probité. Anticor
regrette cependant les trop faibles moyens dévolus aux enquêtes et
informations judiciaires en matière économique.
Concernant la réforme envisagée de
l’organisation territoriale de la police nationale et ses effets sur la
police judiciaire, Anticor pointe la baisse de la qualité du traitement
des procédures complexes lors des expérimentations menées dans les
outre-mer et huit sites pilotes en métropole. En effet, le bilan du
directeur des affaires criminelles et des grâces du ministère de la
justice, Olivier Christenil, met en avant plusieurs difficultés
sérieuses.
Les infractions à la probité, de par
leur complexité et leur caractère politique, nécessitent l’existence de
forces de polices indépendantes et disposant de moyens et de compétences
techniques suffisants, pour effectuer dans des délais raisonnables, des
investigations complexes.
Or, la mise en œuvre de cette réforme apparaît à Anticor susceptible de mettre à mal cet objectif en créant un risque quant à l’efficacité de la lutte contre la corruption et un risque quant à l’indépendance de la justice.
Le traitement des infractions
économiques et financières est déjà le parent pauvre de la justice et
des services de polices (manque de moyens, engorgement des commissariats
et des tribunaux, internationalisation des infractions, politique du
chiffre…), l’adoption définitive de cette réforme conduirait alors à
créer une nouvelle problématique, d’ordre structurelle/institutionnelle à
ce paysage, c’est-à-dire la mise sous tutelle de la PJ aux préfets.
C’est un risque qui tant du point de vue démocratique, via le principe
constitutionnel de séparation des pouvoirs (article 16 DDHC) que de
celui du bon fonctionnement de la justice, apparaît important pour
Anticor.