@Joséphine
On peut être à la fois identitaire, et universaliste. L’un n’exclu pas l’autre. Il faut faire la différence de même façon que dans le fait d’ être patriote et nationaliste. Le premier terme est dans la défense de valeurs communes, autour du pays, basé sur l’amour d’une culture commune à défendre, et l’autre est basé sur la haine des autres. Le patriote se défend, le nationaliste attaque l’autre, en proclamant que sa culture est la plus forte. Cela ramène aussi le concept de fontière, qu’il faut bien asssumer face aux démagogues qui voudraient toutes les abollir, en vue d’une mondialisation dangereuse. Hors, même pour la défense biologique, elles doivent exister. Sinon c’est faire rentrer le renard libre, dans le poulailler libre, comme disait Orwell....Bien sûr, il y a un équilibre à trouver, encore faut il le chercher. Régis Debray a écrit un très beau livre il y a bien des années sur ce sujet, qui reste d’actuaclité. « Eloge de la frontière »
extraits : « “Le mur interdit le passage, la frontière le régule. Dire d’une frontière qu’elle est une passoire c’est lui rendre son dû : elle est là pour filtrer (…) les pores font respirer la peau comme les ports, les îles et les ponts, les fleuves. Gardienne du caractère propre, remède au nombrilisme, école de modestie, aphrodisiaque léger, pousse-au-rêve, une frontière reconnue est le meilleur vaccin possible contre l’épidémie des murs. Opposant l’identité-relation à l’identité racine, refusant de choisir entre l’évaporé et l’enkysté, loin du commun qui dissout et du chauvin qui ossifie, l’anti-mur dont je parle est mieux qu’une provocation au voyage : il appelle à un partage du monde.”
»Tant qu’il n’y a pas de consensus sur le cadre territorial, une démocratie reste fragile, voire illégitime. Il est facile de voir qu’aux endroits de la mappemonde où il y a du grisé dans l’entre-deux et des pointillés qui se chevauchent, la parole est à la grenade, au plastic et aux machettes : Afrique centrale et Corne (Somalie, Érythrée), Caucase, Asie du Sud-Est (Cambodge, Thaïlande), Asie centrale (Cachemire), Proche-Orient (Liban, Kurdistan). L’exemple le mieux cartographié des vertus apaisantes de la ligne de partage reste le conflit israélo-palestinien. Israël est un État qui réclame, à juste titre, d’avoir des frontières sûres et reconnues, mais qui ne précise pas lesquelles. Comme le dit l’Israélien Ury Avnery : « Quel est le cœur de la paix ? Une frontière. » […] À ces inconvénients connus, il faudrait ajouter, pour faire bonne mesure, l’intolérance à l’interdiction, qui trouve inadmissible l’indisponible (je dois pouvoir entrer partout, écouter et voir tout, disposer de tout, comme je veux et quand je veux), et fastidieuse la nuance (le Ms. anglo-saxon déjà réunifie le Miss, mademoiselle, et le Mrs., madame, distinguo qui n’aura bientôt plus cours en France).