Ce n’est pas directement le sujet de l’IA, mais c’est connexe, il s’agit du pouvoir que prennent les sociétés du numérique, pouvoir transfrontières et qui en vient à dépasser le pouvoir des états :
"Tout a été dit – ou presque – sur la puissance des Gafam (Google
[Alphabet], Amazon, Facebook, Appel, Microsoft) qui rivalisent avec, et
souvent submergent, les puissances étatiques et imposent leur vision
(genre western) de la société. Beaucoup de choses ont été dites sur les
techniques sophistiquées qui permettent de créer ex nihilo des
événements, des discours officiels ou des réactions médiatiques aptes à
mobiliser des foules autour de quelques indignations savamment
orchestrées. Des échos ont filtré de la façon dont la guerre
électronique brouille la recherche des acteurs à l’origine des attaques,
qu’il s’agisse de guerres privées à la recherche de rançons (à la
manière des kidnappings de naguère) ou de guerres économiques
et technologiques orchestrées par la Corée du Nord, les États-Unis ou
Israël. De tout cela, le lecteur trouvera des traces dans le livre de ce
professeur à l’École nationale supérieure de la police et à l’École de
guerre économique. Dans un déluge de faits récents (2019-2021), le
lecteur ne comprend pas toujours l’arrière-plan technologique de la
menace. De ce maelström, l’ouvrage de Nicolas Arpagian laisse cependant
émerger une conviction simple : l’on a pu discuter pour savoir si l’on
assistait depuis trente ans à la fin de l’Histoire ; en revanche,
contrairement à ce que laisse croire le repliement nationaliste des
économies dites « réelles », il est de plus en plus évident que la
porosité des frontières électroniques conduit sous nos yeux à la fin de
la géographie traditionnelle. À la confusion engendrée par le numérique,
l’antidote – nécessaire quoique insuffisant – est le bon sens,
l’intelligence et la culture des internautes."
https://www.revue-etudes.com/critiques-de-livres/frontieres-com-de-nicolas-arpagian/24530