Sous l’ancien régime, les « lobbies »
s’appelaient « corporations ».
Elles ont été interdites sous la
Révolution, au motif que nul corps intermédiaire ne pouvait
légitimement prétendre s’interposer entre le citoyen et la Nation,
mais les syndicats et clubs patronaux n’ont jamais cessé d’exister.
Dans les pays qu’il a conquis, Napoléon
a supprimé les systèmes de corporations existants et, au début du
vingtième siècle, elles avaient disparu d’Europe, remplacées des
sociétés privées et des groupes industriels et commerciaux, mais
toute entente « commerciale » entre concurrents restait strictement
interdite, et punie par les lois.
En fait, les corporations ne
subsistaient plus en France que sous la forme des « corps d’État »
de la fonction publique (Corps des ingénieurs des mines, Corps des
ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, Sénat, Conseil
d’État, etc.), et de quelques ordres professionnels, sous prétexte
de garantir le respect des codes de déontologie qui régissent
certaines professions civiles considérées comme étant d’intérêt
public (Ordre des médecins, Ordre des avocats, des pharmaciens,
etc.).
Sous le régime de Vichy, l’idée de
corporation a été reprise dans la charte du Travail (4 octobre
1941) qui organise des groupes de métiers appelés corporations,
contrôlés par l’État qui a dissout les syndicats et interdit les
grèves. Ce contrôle des corporations permettait à l’État de fixer
les prix et les salaires. Outre un contrôle plus facile des
travailleurs ce qui a séduit le gouvernement de Vichy dans le
système corporatiste c’est la dimension très patriarcale, très
familiale de l’organisation, en somme un retour aux valeurs de
l’ancien régime.
Cette charte a été abolie en 1944,
mais certains en gardent une certaine nostalgie.