L’épisode de la crise sanitaire du Covid-19 a vu l’état d’urgence
perdurer en France du 23 mars 2020 au 31 juillet 2022, ne manquant pas de
donner des pouvoirs exorbitants au Président Macron qui gouvernait alors avec
son Conseil de Défense sanitaire, sans
consulter le Parlement. Aussitôt après cette séquence, le passage en force de
la réforme des retraites n’a eu de cesse de montrer à quel point le Président
Macron malmenait l’esprit de la Constitution de la Ve République.
Lors de l’adoption de la réforme des retraites, la Première ministre
Elisabeth Borne a ainsi recouru 11 fois au 49.3, témoignant ainsi d’un zèle
acharné dans le piétinement de l’esprit de la Constitution de cette même Ve
République qui ne voulait sans doute pas revivre les incessantes crises
gouvernementales de celles qui l’avaient précédée.
Les récents usages des articles 49.3 et 47. 1 convoqués, afin de faire
adopter la réforme des retraites, sans consulter les députés du peuple interrogent
le fonctionnement de notre démocratie représentative. La dialectique, selon
laquelle les représentants du peuple n’auraient plus la légitimité pour mener
la politique de la nation fait peser sur notre système démocratique un risque
de rupture de ce même contrat démocratique, tant la présidentialisation devient
flagrante, exercé par un pouvoir de plus en plus autoritaire et qui reste sourd
aux protestations pacifiques.
La récente évocation de l’article 40, afin de mettre en échec la
proposition de Loi du groupe LIOT qui tente de contester le report de l’âge du
départ à la retraite à 64 ans illustre à nouveau cette inquiétante dérive.
Décidément, le temps est venu de rénover nos institutions, comme celui de renouveler
nos élites politiques, afin de répondre à l’appel de temps nouveaux et apaisés ou
sinon au risque de voir notre démocratie régresser. La présidentialisation se
renforcer. L’autoritarisme progresser.